La deuxième était bluffante de réalisme alors on attendait au tournant la troisième saison de Baron Noir qui prouve encore une fois être l’une des meilleures séries françaises.
Après avoir survécu à la trahison de l’ancien Président, puis purgé une peine de prison, Philippe Rickwaert tente d’unifier la gauche pour se présenter aux Présidentielles. Canal+ revient avec son thriller politique terriblement réaliste pour une troisième saison incroyable. Complètement d’actualité, presque prémonitoire, Baron Noir est une claque magistrale à ne louper sous aucun prétexte.
Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon réitèrent et nous offrent un House of Cards français d’une pertinence folle. On laisse le côté méta pour se concentrer sur le réalisme tout en développant les enjeux personnels des protagonistes alors que le discours politique se veut plus acerbe que jamais, plus machiavélique (et étrangement familier) que jamais. Surtout qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, la politique et donc la démocratie s’en trouve mise en danger, un angle narratif parfaitement novateur et adéquat.
Politique 2.0
Les premiers épisodes servent principalement à resituer le contexte général du show et à présenter de nouveaux enjeux et à introduire de nouveaux personnages. De quoi affiner le comeback du Baron Noir, lequel ne retrouve son caractéristique gimmick musical qu’à partir de l’épisode 4. Un tournant annonciateur d’un réveil scénaristique, celui du protagoniste, magnifique orateur et terrible tacticien, enfin en phase avec ses ambitions et enfin prêt à revenir sur le devant de la scène.
Pour ce faire, la série de Canal+ s’articule autour d’un casting exceptionnel, à commencer par Kad Merad, toujours dans son meilleur rôle. De même, François Morel joue un Mélanchon plus vrai que nature en donnant vie à un tribun tactique, militant et particulièrement droit, tout comme le personnage de Anna Mouglalis confirme l’impasse d’un Macron banquier et détesté. Mais si certains se cachent derrière des dialogues quelque peu récités, trop lettrés, déclamés par certains acteurs peu impliqués, le véritable cœur de cette troisième saison n’est autre que la petite nouvelle, Rachida Brakni, la baronne derrière le Baron Noir, l’implacable conseillère politique.
Si le personnage de Brakni représente à elle seule nombre des enjeux personnels de cette saison, ce sont surtout des considérations politiques beaucoup plus lourdes qui sont ici présentées. Entre la remise en question de la démocratie directe au profit de celle représentative, c’est également la république entière qui est menacée. Un discours terriblement d’actualité alors que les débats ont lieu sur les réseaux sociaux ou que les conseillers de la Présidente compte sur les « loleurs » pour perturber les échanges sur facebook et cie. Des circonvolutions imagées par de lents travelings circulaires introspectifs et des plans fixes intrusifs pour mettre à nu jusqu’à la dernière seconde d’apparition publique de ces tribuns contemporains. Une approche radicalement moderne, terrifiante, pour un sentiment dramatique des plus passionnant.
Avec sa construction narrative résolument pertinente, la saison 3 de Baron Noir nous offre des rebondissements en pagaille où victoires et chutes s’enchaînent inéluctablement, pour maintenir brillamment le show en haut des sphères télévisuelles françaises.