Anime culte des années 2000, Avatar Le Dernier Maître de l’Air revient sur Netflix dans une adaptation live. Un pari franchement risqué, qui porte ses fruits : entre respect du matériau de base et remixage pertinent des diverses composantes de son histoire, c’est une belle porte d’entrée pour les néophytes autant qu’un joli bonbon pour les fans.
Avatar Le Dernier Maître de l’Air : un titre d’anime qui a rapidement su s’imposer dès sa première diffusion en 2005. Pourtant rien n’était automatiquement gagné pour une œuvre shonen américaine. Et pourtant le show de DiMartino & Konietzko parvenait à digérer toutes ses influences orientales, tout en imposant un univers singulier directement inspiré du folklore chinois. 3 saisons plus tard, l’univers aura même été décliné dans une suite plusieurs décennies plus tard (la très bonne La Légende de Korra), ainsi que plusieurs films d’animation actuellement en développement.
Il n’y a pas que des Avatars bleus
Mais qu’est-ce qu’Avatar Le Dernier Maître de l’Air ? Dans un univers fantaisiste d’inspiration asiatique, le monde est divisé en quatre peuples : la Nation du Feu (le Japon), Les Tribus de l’Eau (les Inuits), le Royaume de la Terre (la Chine) et les Nomades de l’Air (le Tibet). Dans chacune de ses peuplades se trouvent des Maîtres capables de maîtriser un élément, tandis que la paix est conservée à travers l’Avatar (un élu réincarné capable de maîtriser les quatre éléments).
Mais alors que ce dernier disparaît pendant un siècle, la Nation du Feu avide de pouvoir envahit les autres contrées via sa puissance industrielle et navale. C’est ainsi que Katara (une jeune maître de l’Eau) et son frère Sokka (guerrier protecteur de la tribu du Sud) découvrent le jeune Aang. Ce jeune enfant de 12 ans est en effet le dernier maître de l’Air rescapé après avoir été congelé 100 ans dans un iceberg. Mais c’est également lui le nouvel Avatar chargé de rétablir l’équilibre du monde.
Ainsi, ce sera le début d’une longue quête pour ce trio qui va explorer ce monde en guerre, tandis qu’Aang devra passer vers l’âge adulte et maîtriser chaque élément. Une œuvre culte, qui a déjà eu une (bien triste) adaptation au cinéma par M. Night Shyamalan, mais dont on préfère oublier l’affront qu’elle représentait. Attendre une nouvelle transposition live faisait donc plutôt peur, surtout après le départ des créateurs de l’anime.
Élémentaire mon cher
Pourtant, dès son épisode pilote, on se rend compte que nous sommes entre de bonnes mains avec cette version d’Avatar Le Dernier Maître de l’Air. Production design et écriture fidèle sont le maître mot global, allié à une fabrication carrée pour donner vie à l’univers de l’anime. Plus proche de la récente One Piece que du raté Cowboy Bebop, cette Saison 1 de 8 épisodes parvient à condenser les pivots narratifs clés de la Saison 1 de l’anime, tout en offrant son lot de singularité bienvenue.
De l’introduction antarctique jusqu’à l’impressionnant climax guerrier de la Tribu du Nord, en passant par les guerrières de Kyoshi ou bien l’arc dans la ville d’Omashu, les fans seront en terrain connu, tandis qu’Avatar Le Dernier Maître de l’Air version live abandonne la structure parfois filler de l’anime pour recentrer son récit de manière certes plus conventionnelle, mais avec une tenue qui n’abandonne jamais la progression narrative liée au développement des personnages.
Pourtant, c’est bien à ce niveau que l’originalité de cette adaptation survient : tel un Remix, cette Saison 1 fait preuve d’ajouts significatifs pour mieux explorer son univers ou sa mythologie (la prologue de l’invasion du Temple de l’Air Austral, le lien plus approfondi avec les anciens Avatars..), mais également de modifications assez prononcées.
Remix qui fait sens
Exit le Aang enfantin désireux de s’amuser à chaque épisode, cette fois le héros embrasse les difficultés de sa destinée de manière plus mature. Katara n’est plus la matriarche du trio, mais une jeune femme tentant d’exorciser le trauma de la perte parentale via la Maîtrise de l’Eau. Enfin, Sokka n’est plus vraiment le goujat balourd des débuts, mais un guerrier dont l’arrogance initiale va se muer en valeurs plus humanistes au fil des péripéties.
Et étonnement, tout cela n’a rien d’une trahison envers le matériau de base, alors qu’Avatar Le Dernier Maître de l’Air reconfigure certains focus pour mieux l’appliquer à sa formule live, sans jamais désincarner ses personnages (on les reconnaît comme si on ne les avait jamais quitté, tout en explorant d’autres facettes d’une nouvelle manière). Une écriture respectueuse donc, alors que le reste de la distribution semblera directement transposée de l’anime, hormis un très bon Commandant Zhao (Ken Leung), bien plus développé qu’auparavant.
Car il faut le dire, le casting relève globalement du sans-faute (malgré le côté parfois juvénile de Gordon Cormier, mais finalement raccord avec le personnage) ! L’alchimie du trio avec Kiawentiio Tarbell (Katara) et Ian Ousley (Sokka) coule littéralement de source (vous l’avez le jeu de mot ?), tandis que Dallas Liu (Zuko) et Paul Sung-Hyun Lee (Iroh) incarnent parfaitement le yin et le yang du feu.
Avatar Le Dernier Maître de l’Air comme on ne l’a jamais quitté
Cette saison 1 parvient même à implémenter quelques éléments plus importants pour le futur (Azula, Ozai..) sans forceps. Bref un petit bonheur réjouissant,mais où sont les hics ? Avatar Le Dernier Maître de l’Air accusera d’un petit ventre mou lors d’un épisode plus introspectif de mid-season, mettant un peu trop en avant quelques CGI plus perfectibles et des décors forestiers plus cheaps trahissant une mise en scène moins inspirée.
Heureusement, le reste des épisodes saura efficacement contrebalancer ces quelques heurts, alors que le show se veut régulièrement fastueux dans l’utilisation de sa technique (on pense aux grandes villes techniquement impeccables ou bien les divers effets élémentaires). Mieux, la série propose même de vraies belles idées scéniques via de solides chorégraphies de combat semblant sortir d’un wu xia pian, à l’instar du second épisode convoquant toute la puissance de l’Avatar de manière inédite.
On prend donc un malin plaisir à s’enquiller les 8 épisodes de cette adaptation réussie (jusque dans la BO ample et orchestrale invoquant des sonorités ethniques), imposant un peu plus Netflix comme maison confortable pour tout fan d’anime. Une adaptation qui ne prétend pas forcément surpasser l’original, mais qui sur bien des égards parvient l’impensable : être une version totalement respectueuse à la fabrication carrée, tout en proposant également des ses éléments propres. On attend déjà la suite !
Avatar Le Dernier Maître de l’Air Saison 1 est disponible sur Netflix
avis
Avatar Le Dernier Maître de l'Air revient dans une adaptation live réussie, entre profond respect de l'anime et remix salvateur. En résulte une belle porte d'entrée pour les profanes autant qu'un bonbon savoureux pour les aficionados. Malgré une fabrication un chouilla imparfaite en milieu de saison, on lui pardonne ses menus défauts tant la passion est là, guidée par une fabrication solide et un casting relevant du sans-faute. Yip-yip !