Pour son tout premier long-métrage, Guy Ritchie s’empare de la comédie de gangsters à la sauce Tarantino pour une savoureuse variation, aussi drôle qu’attachante. Puisque qu’Arnaques, crimes et botanique est disponible sur Netflix, on revient sur le premier film de Guy Ritchie.
On trouve déjà dans Arnaques, crimes et botanique, outre la naissance du cinéma de Guy Ritchie, toute l’essence de ses récits, que le cinéaste se contentera ensuite de revisiter, d’améliorer où de malmener dans la suite de sa filmographie. Parce que le réalisateur britannique, ici accompagné du prodige Matthew Vaughn à la production qui ne se découvrira un penchant pour la réalisation que six années plus tard avec Layer Cake, voue un amour sincère aux figures de pieds nickelés qu’il aura plaisir à croquer dans un déluge d’humour et de sang rappellent immédiatement le cinéma d’un certain Quentin Tarantino.
AmiThé
Parce qu’avec Guy Ritchie tout est une question de style plutôt que de fond, le réalisateur prend ici un soin tout particulier à croquer sa galerie de personnages d’escrocs avec beaucoup d’amour. Le réalisateur s’entoure d’interprètes méconnus de premier choix en révélant au passage Jason Statham et l’ex-footballeur Vinnie Jones. Arnaques, crimes et botanique convoquera même la présence de Sting en parrain de substitution pour une réappropriation d’un genre très américain épousant ici complètement les décors des pubs britanniques et de ses gangsters passionnés de cartes et de vieux fusils.
Tous ces éléments offrent ainsi au premier long-métrage de Guy Ritchie toute son humanité et sa débordante sympathie. Parce que le sillon du cinéaste est aux antipodes des figures du cinéma de Martin Scorsese, ses personnages sont à l’image de ses spectateurs, imprégnés de Scarface et rêvant d’un coup facile pour tenter de s’évader autrement que par les soirées alcoolisées du pub détenu par le paternel de l’un des personnages.
Et Guy Ritchie, s’il ne compte clairement pas révolutionner le genre, manie ainsi son scénario avec une posture de petit malin prenant un plaisir évident à se réapproprier les habits très larges d’un genre qu’il ouvre ici à la modestie et à l’humour de films de stoners qui émailleront cette fin de décennie et permettront à Arnaques, crimes et botanique d’atteindre un certain culte de par son lot de répliques et de scènes savoureuses.
Sales gosses
Mais ce que sait réellement mettre en scène Guy Ritchie, c’est l’amitié fraternelle d’une bande d’amis confrontés à la dure réalité d’un monde trop grand pour eux. A l’image de ses personnages, le premier film du réalisateur raconte ainsi le destin d’hommes trempant dans les magouilles avec une âme et une insouciance propres à l’enfance, trouvant ainsi un terrain de jeux où les balles et le sang incarneront un dur rappel à la réalité, et un réveil de lendemain de biture qui ne se termine malheureusement pas
C’est donc logiquement vers les deux véritables figures paternelles du film que Guy Ritchie offrira toute la gloire, ici campés par Sting et Vinnie Jones qui verront dans ce savoureux micmac l’occasion d’offrir une leçon d’honnêteté et de respect à des enfants turbulents et inconscients. Ces derniers brûlent ainsi des billets comme des cigarettes accompagnés de whisky, seule vraie remède au rêve d’ailleurs que ces grands enfants manieront avec excès, comme ceux dont usent Guy Ritchie à la mise en scène pour habiller de couleurs cette parenthèse sanglante et désenchantée.
Modestyle
Arnaques, crimes et botanique est donc un peu plus qu’une reprise en main à la sauce britannique sous influence Tarantino du genre très codifié du film d’arnaque à la sauce mafieuse, mais la relecture attachante d’un sale gosse qui fait de son rêve un terrain de jeux aussi attachant que limité, à l’image de la vision réduite du monde de ses protagonistes.
Ainsi, si Arnaques, crimes et botanique ne marque pas la naissance d’un grand cinéaste, cette comédie incarne la réappropriation enfantine et attachante d’un genre, ouvrant ainsi la voie à un jouissif jeu de massacre aux scénarios malins et ultra-référencés. Si le premier film de Guy Ritchie ne souffre ainsi pas de la comparaison avec ses aînés, c’est parce que son film brille par sa modestie, sa notable ingéniosité et un amour inconditionnel pour ses personnages.