Antigang – la relève n’est autre que la suite du film éponyme de 2015, toujours réalisé par Benjamin Rocher. Cette fois exit la brigade antigang hétéroclite du premier épisode, pour une suite-reboot avant tout centrée sur un Alban Lenoir (Balle Perdue) toujours bien musclé en terme de charisme. Mais est-ce que cela suffit ?
Antigang n’est pas resté dans les annales, et pourtant cette comédie d’action policière avait quelques éléments qualitatifs à soulever. Outre un casting hétéroclite réussi et un certain savoir-faire en terme de fabrication, c’est aussi un de ces films ayant révélé au grand public le désormais inénarrable Alban Lenoir. En effet, le « Jason Statham français » connu pour les succès que sont Balle Perdue ou AKA affichait déjà un vrai capital sympathie en 2015, allié à sa propension de faire au maximum ses cascades.
Le personnage de flic tête brûlée qu’était Niels Cartier ressortait donc aisément du lot (alors qu’Antigang était principalement vendu sur la bonne trogne de Jean Reno), c’est donc sans réelle surprise qu’Antigang – la relève le place en temps que protagoniste. Si voir voir une suite 8 ans plus tard débouler directement sur Disney+ à de quoi surprendre, la popularité croissante d’Alban Lenoir est évidemment l’étincelle miracle à l’origine de ce revival.
Suite qui se reboote
Et pour se faire, ce Antigang 2 retrouve plus ou moins la même équipe globale, les mêmes ingrédients, à quelques différences près. En effet, s’ouvrant sur une séquence flash-back, on retrouve le personnage « chien fou » de Niels alors qu’il tente de contrecarrer une transaction ayant pour objet de convoitise un dangereux isotope explosif. Mais dans le feu de l’action, la femme de ce dernier trouvera la mort, et la suite des évènements catapulte le spectateur 8 ans plus tard.
Niels n’est plus flic, s’est reconverti en moniteur d’auto-école, et a bien du mal à entretenir la dialogue avec sa fille Charlotte-Serge (Cassiopée Mayance). Lorsque le gang à l’origine de la mort de sa femme semble refaire surface, Niels va de nouveau mener l’enquête (de manière musclée cela va s’en dire), avec toutefois sa fille comme complice de fortune.
En lisant le synopsis, Antigang – la relève semble emprunter un chemin beaucoup plus balisé digne des comédies franchouillardes. Et ce constat n’est pas qu’illusion durant une bonne partie du métrage reléguant le cocktail « action/policier » au 3e plan. Pas un gros pas de côté ceci dit, même si le film emprunte évidemment d’immenses sentiers battus à base de relation père-fille dysfonctionnelle, et tous les gags qui en découlent.
Antigang – la relève joue ainsi la carte de la différence générationnelle et de l’impossibilité du dialogue, avant de progressivement raccorder les wagons à ce que le prologue nous présentait (la résurgence de la menace). Mais avant il faudra bien évidemment délayer au maximum, entre scènes comiques avec les anciens collègues de boulot et crypto-amourette avec le nouveau commissaire interprété par Sofia Essaïdi.
Bonnes idées à 3 sous
Puis Antigang – la relève décidera d’aller vers la confrontation et la comédie d’action, malheureusement desservie par un scénario réduit au strict minimum des codes du genre (jusque dans son climax manquant de spectacle). Car il est bien là le talon d’Achille de cette suite : un manque de moyens et d’ambition dans l’écriture globale. Et pourtant, le film se regarde étonnamment sans gros déplaisir. Et cela tient à plusieurs points alloués à l’équipe créative !
Benjamin Rocher en bon amateur du cinoche de genre, parvient à en comprendre les codes, et proposer une fabrication carrée,autant qu’un chouette buddy-movie ! Si on pestera forcément devant des séquences d’action prenant place dans des décors avec 2-3 figurants seulement dans le fond (l’aspect factice ressort donc), on est contraire convaincu par un découpage de qualité et des idées parsemées ici et là.
Entre une baston dans un Decathlon face à une tueuse badass où on utilise les objets à portée de main, une tentative d’exfiltration de prisonnier au moyen d’explosifs, ou bien le climax choral à l’hôpital, Benjamin Rocher est sa team arrivent à contrecarrer régulièrement les limitations budgétaires par une énergie communicative, une mise en scène efficace et lisible (les coups font mal et cela fait plaisir malgré le côté familial global), et surtout un casting de gueule éminemment sympathique.
Alban Lenoir-sploitation
On ne présente plus Alban Lenoir, autant à l’aise dans la comédie que dans les persos introspectifs ou bruts de décoffrage. Mais la vraie trouvaille tient dans son duo avec Cassiopée Mayance, dont le personnage de jeune ordurière offre une belle complémentarité avec la figure paternelle boiteuse de Niels, tout en se révélant relativement incarné et loin de l’acolyte-boulet que l’on souhaite étriper.
Il est bien dommage de voir les personnages du premier Antigang (Stefi Selma, Sébastien Lalanne, Oumar Diaw..) faire office de figuration (Jean Reno est aussi venu chercher son chèque) avant une réunion finale (plutôt efficace), tandis que les figures antagonistes (cruellement sous-exploitées jusque dans la résolution finale désamorcée) affichent un vrai charisme. Des gueules que l’on aurait aimé plus étoffées, autrement que par une belle direction d’acteurs !
Pour le reste, Antigang – la relève reste finalement dans les clous de son prédécesseur. Une comédie d’action opérant le minimum syndical en terme d’enjeu et de dramaturgie, affilié à un rel manque d’ambition. Un fait dommageable qui n’empêche pas un visionnage divertissant et une relative sympathie devant le résultat !
avis
Antigang - la relève pallie donc un cahier des charges beaucoup trop invasif et un vrai manque d'ambition globale par un casting impliqué, un sens du comique régulièrement efficace, quelques passages d'action bien exécutés, et le charisme de son duo principal.
De quoi offrir un visionnage relativement satisfaisant à l'arrivée, mais qui ne laissera aucun souvenir impérissable malheureusement.