La fine plume de Big Little Lies revient avec un nouveau contenu choc, Anatomie d’un scandale, une mini-série sur les violences sexuelles diffusée sur Netflix.
Un politicien britannique apprécié de tous, dont le Premier Ministre, est accusé de viol. Netflix propose une mini-série américaine, prenant place en Grande Bretagne, pour confronter drame politique et familial avec un thriller social agressif et pertinent. Si la forme de Anatomie d’un scandale laisse parfois dubitatif, le fond reste lui de très belle facture.
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Série américaino-britannique développée par David E. Kelley (Big Little Lies ou Mr Mercedes) et Melissa James Gibson (The Americans ou House of Cards) d’après le roman éponyme de Sarah Vaughan, Anatomie d’un scandale se compose de six épisodes, riches en rebondissements alors qu’ils nous proposent paradoxalement une situation initiale claustrophobique, tétanisante. Encore une belle surprise, engagée et nécessaire. Attention, on va spoiler.
Them too
Parce qu’on adore les mini-séries, on se devait donc de jeter un œil au nouveau produit de Netflix qui sort un peu des carcans habituels de la plateforme. Si le nom du papa de Big Little Lies nous faisait saliver d’avance, réservant une narration fluide et retorse comme on aime, le sujet compliqué taraudait notre intérêt, notamment son aspect politiquement et socialement militant. Surtout qu’il est soutenu par un casting 5 étoiles, fier de représenter la crème de la crème américano-britannique.
Sienna Miller irradie l’écran au côté de son accusé de mari, joué par le trop discret Rupert Friend. Un duo éclatant en couple moderne, mais tiraillé entre leurs souvenirs communs, imagés par des flashbacks explicites, et les crimes qui accusent le politicien. Une épée de Damoclès qui permet de belles prestations de l’un comme de l’autre qui se retranchent dès lors derrière des traumatismes divergents, de la confiance brisée au masque de prédateur désabusé. Pourtant, si l’issue semble inévitable, un discours contradictoire aurait évidemment été mal vu, Anatomie d’un scandale s’offre de belles élancées scénaristiques, notamment en insistant sur le caractère essentiel du consentement, trop souvent bafoué, comme sur le statut de l’homme politique intouchable, convaincu d’être dans son bon droit.
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Ainsi, on apprécie de voir les retombées administratives, notamment les tentatives du parlement et du ministère britannique de taire, voire de camoufler, l’affaire pour éviter les scandales. Une élite universitaire dont la caste sociale prime encore devant la justice, réservée aux pauvres, injustement présentés et affichés et dont les vies seront à jamais traumatisés par son inefficacité. Un angle renforcé par la prestation surprenante du troisième personnage principal en la personne de l’avocate de la défense, jouée par Michelle Dockery. Une protagoniste atypique, pour que le spectateur s’identifie à une victime rendue impuissante par l’institution qu’elle représente pourtant. Magistral.
Enfin, si Anatomie d’un scandale arrive à proposer un contenu nécessaire dans ce qu’il dénonce, sa forme est aussi inédite. Intégralement réalisée par S. J. Clarkson (Succession ou Jessica Jones), la série renforce son propos par l’utilisation d’une caméra intrusive, indiscrète, pour renforcer la violence du drame exposé. De même, les transitions, à base de match cut appuient ces brutales déclarations et souvenirs traumatisants. Personne n’en sortira indemne. Cependant, certains de ces effets de style viennent par endroit caricaturer les situations, qui perdent de leur dramaturgie face à un gimmick visuel qui s’essouffle au fur et à mesure qu’il est utilisé en long, en large et en travers. C’est intéressant mais un rien surexploité.
Pour choquer efficacement le spectateur et le sensibiliser, Anatomie d’un scandale offre une intrigue politisée et engagée, servie par une réalisation malaisante et brutale. Une bonne mini-série.
Anatomie d’un scandale est disponible sur Netflix.
Avis
Malgré une forme visuelle qui tend parfois à se répéter, Anatomie d'un scandale est une mini-série socialement engagée sur une actualité très contemporaine, dont la pertinence du propos sur le consentement ou les castes sociales demeure pourtant vital.