La rétrospective sur Christopher Nolan continue avant Tenet, avec la suite de Batman Begins, The Dark Knight ! Un véritable tournant dans la carrière du cinéaste mais aussi dans l’industrie du blockbuster et une véritable claque cinématographique qui met tout le monde d’accord.
Un an après l’arrivée de l’homme chauve-souris à Gotham, le chevalier noir, la police et le procureur Harvey Dent luttent efficacement contre le crime organisé. Alors que l’espoir de ne plus avoir besoin de Batman naît, le Joker fait son apparition est répand la panique dans la ville. Son but : faire basculer Gotham dans le chaos. Il est véritablement peu aisé de critiquer ce film car pour chaque point qui le compose, nous voulons crier à la perfection. D’autant plus dur que The Dark Knight est peut-être bien le moins Nolanien (Insomnia ne comptant pas) dans la forme linéaire de son récit et pourtant, son film le plus intense et maitrisé.
Alors que Batman Begins installait de nouvelle base solide pour le héros, cette suite le sublime complètement en amenant l’histoire super-héroïque à une maturité à en faire pâlir les plus grands. Le cinéaste se débarrasse complètement des quelques invraisemblances de son premier opus pour élever encore d’un cran le réalisme, obsession du cinéaste, dans un genre où usuellement des justiciers en collant sauvent le monde.
Sauf qu’ici il n’est pas question de sauver le monde. Il est question des limites de la justice, des moyens éthique ou non de la faire régner, du terrorisme et de la peur furieuse qu’elle provoque et qui nourrit les citoyens… Cela à travers une galerie de personnage qui sont constamment à deux doigts de franchir la ligne rouge.
Un intensité folle
Une histoire qui embrasse purement les problématiques du post 11 septembre que Nolan maîtrise avec une maestria folle. Tout est en crescendo, les actes du Joker bousculent l’ordre établi. Il met tout autant la morale des personnages fictionnels que la nôtre à rude épreuve. Le récit sait instauré sans temps mort de l’urgence à chaque péripétie (Le climax avec les deux bateaux), confronter les personnages à leur plus gros dilemme (Batman doit-il sauver Rachel ou Harvey ?) et créer des répercussions dramatiques à chacun des choix faits (La création de Double Face).
Une intensité dramaturgique jamais égalée jusqu’à présent dans le cinéma de divertissement et qui donne tout ses lettres de noblesse au domaine du blockbuster dont la noirceur inspirera bon nombre d’héritiers. En effet, lorsqu’on est le premier film de super-héros à dépasser le milliard au box office, des convoitises se créent.
Ce succès est dû à un scénario irréprochable, principal force du cinéaste, où chaque élément est habilement installé, où chaque nœud dramatique est plus puissant que le précédent, où chaque révélation en fait un thriller grisant. Le récit ose faire mourir des héros du bien (coucou le motif Nolanien de la femme perdue) ou faire sombrer des combattants de la lumière dans la plus obscure des folies. Tel que la gestion de Double Face dont la bonté est totalement ébranlée par les événements dans un 4ème acte tendu.
Le film se termine sur une telle ambivalence qu’on ne peut se dire que nous sommes devant une Happy end. Un secousse du spectateur d’autant plus poignante que le réalisme ancre totalement le récit dans notre réel. En faisant fi du costume et du maquillage, tout ce qui s’y déroule pourrait arriver, dû à l’hybridation que fait le cinéaste du film de super-héros avec le genre du polar urbain (l’inspiration de Michael Mann est palpable).
Une révolution super-héroïque
La réalisation de l’action s’améliore grandement comparé à Begins, Nolan sachant mieux tenir sa caméra et filmer les scènes d’un peu plus loin, rendant le tout mieux visible. Mais il ne tombe aucunement dans la surenchère spectaculaire car il axe sa priorité sur la tension et la force dramatique. Toutes les cascades étant des effets pratiques, les scènes en question n’ont plus besoin d’être de l’indigestion pyrotechnique. Leur tangibilité suffit à baffer le spectateur. A l’image de l’explosion de l’hôpital, réellement tournée telle quelle.
Le casting incarne totalement leur personnage, mention spéciale évidente et un peu redite au défunt Heath Ledger dont la stabilité de l’esprit aura succombé à la teneur de son rôle du Joker, totalement effrayant. Bien que Nolan se débarrasse des fantasmagories du comics, les fans de la première heure peuvent tout de même se repaître des inspirations habilement piocher dans les versions papier et adaptées pour en faire des péripéties puissantes.
En somme, The Dark Knight ne peut qu’époustoufler par la maturité et la noirceur de son récit. Le scénario transpire une intensité inégalée qui scotche les mangeurs de popcorn que nous sommes au fin fond de leur siège. Christopher Nolan transcende l’histoire de super-héros pour fournir un vrai questionnement sur l’éthique de l’ordre établi et les répercussions du terrorisme au sein de notre société. Une véritable claque qui restera gravée dans l’histoire du cinéma de divertissement.