Asghar Farhadi frappe fort avec Un héros, ce récit d’un homme lambda englué dans un problème de dette qui a tout de kafkaïen.
Le cinéaste iranien est de retour pour disséquer la société de son pays après quelques films à l’étranger (Everybody knows, le Passé). On se rappelle de son grand chef d’œuvre Une séparation qui avait révélé au monde entier son talent de scénariste et de réalisateur, ainsi que sa capacité à faire vivre un film sur un divorce comme un thriller intense. Rebelote avec Un héros !
Dramaturgie extraordinaire
Comment fait-il pour insuffler autant d’énergie dans des films sur des gens du quotidien ? Pendant la séance d’Un héros, on passe par mille émotions différentes. Le cinéaste décrit un engrenage infernal vécu par un homme qui cherche à faire effacer sa dette pour sortir de prison avec une richesse dramaturgique des plus remarquables. Quand on pense que le film n’a plus rien de nouveau à raconter, il nous surprend une énième fois avec un mini-twist qui suit juste parfaitement la logique narrative. Rien n’est forcé ou sorti de nulle part, tout est logique. Et cette logique est absolument terrifiante.
On ressent une empathie profonde pour le personnage principal, toujours souriant et qui essaye de faire au mieux pour se sortir d’une situation absurde. Mais plus il tente de réussir à sortir de cette prison à ciel ouvert, plus il s’enferme. Pourtant, l’une des forces du récit, c’est qu’il ne fait rien d’illogique, bien au contraire, nous même les spectateurs feraient probablement exactement comme lui.
Film social et universel en puissance
En un peu plus de 2h, Asghar Farhadi parle d’honneur, de pardon, des réseaux sociaux, de la pitié, de la résilience… Bref, il aborde de si nombreuses thématiques avec justesse qu’on arrête d’énumérer. Il est d’autant plus redoutable à utiliser le cadre de la société iranienne pour en révéler sa substance. En cela, il réalise le film social parfait qui dit ce qu’il a à dire sans prendre de force la main du spectateur, sans imposer une morale mièvre et condescendante.
Néanmoins, le récit a beau s’inscrire dans la société iranienne avec ses codes, le message est universel et peut s’appliquer à toute société, à tout être humain. Asghar Farhadi est un merveilleux cinéaste capable de parler à tous et à toutes. N’est-ce pas l’une des qualités fondamentales d’un grand réalisateur ?