On attendait de pied ferme cette incursion dans l’univers zombie de la part d’un cinéaste nourri par le punk et la pop culture depuis qu’il est tout petit. Le verdict est sans appel : The Dead Don’t Die est un pur produit « made by » Jarmusch.
Dans une bourgade fictive et tranquille de l’Amérique profonde si souvent victime de l’imaginaire des artistes américains, le cinéaste dépeint une société qui entraîne sa propre destruction. Les zombies sont l’incarnation d’un monde en pleine décrépitude qui ne fait que récolter ce qu’il a semé. Bien entendu, le bon vieux Trump en prend pour son grade de manière à peine voilée, à l’image d’un Steve Buscemi incarnant un suprématiste blanc détesté par tous les habitants. Heureusement, pour enrober cette satire à l’ère du Donald, on a le droit à un festival jarmuschien…
Autant de zombies que de célébrités…
Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton, Danny Glover et tant d’autres peuplent le long-métrage. Une fine équipe de cinéma qui est forcément accompagnée – on parle de Jarmusch, le cinéaste passionné de musique – par des artistes tels que RZA, Tom Waits ou l’indescriptible Iggy Pop en zombie de la première heure qui n’a qu’une envie : boire du café. Ces têtes connues apportent une saveur indéniable au récit. La plupart des films souhaitent qu’on oublie l’acteur au profit de son personnage. Ici, c’est tout l’inverse. Il y a un humour de situation qui fait souvent appel à notre connaissance de l’acteur et en particulier à sa relation avec le cinéaste.
Un film, une musique.
Il est impossible de parler d’une œuvre de Jarmusch sans parler de musique – cela serait quasiment une insulte. Outre la qualité de la bande sonore, il faut mentionner que le titre du film est une référence directe à une chanson éponyme de Sturgill Simpson. Cette musique calme country-rock représente parfaitement le ton de l’intrigue – on est loin des jump-scare et des effets habituels d’horreurs – c’est une comédie légère, certes sanguinolente, mais qui ne se prend pas beaucoup au sérieux. C’est comme si Jarmusch avait imaginé le film exclusivement à partir de ce qu’elle lui inspirait.
Enfin, on ne s’avance pas beaucoup en disant que The Dead Don’t Die est l’œuvre d’un cinéaste en total contrôle de ses moyens (trop diront certains, ce qu’on peut comprendre). À la fois drôle, visuellement captivant et parfaitement absurde, le film de Jarmusch lance la compétition cannoise avec panache.