À 87 ans, Godard continue de faire des films même s’ils ont véritablement perdu de leur logique. Le livre d’image est un assemblage de vidéos venues de tous les horizons, un témoignage de la vision désenchantée et philosophique d’un vieil homme sur la société, le monde arabe ou encore la guerre.
L’abstraction à son paroxysme. Celui qui comprend du premier coup Le livre d’image n’est certainement pas de ce monde, car le long-métrage parait parfois – souvent – n’avoir ni queue, ni tête. On passe de vidéos de Daech à des extraits avec Depardieu sans oublier des plans rapprochés sur des fleurs… Les images sont volontairement dégradées et les sons sont mixés de la manière la plus dissonante possible comme par exemple la voix-off (faite par Godard en personne) qui se balade littéralement d’une enceinte à une autre de la salle sans aucune logique narrative apparente.
Néanmoins, il y a une forme de fascination. C’est tout le paradoxe de cette œuvre étrange : on a dû mal à décrocher le regard alors qu’on ne comprend pas grand-chose. Est-ce du génie ou alors simplement la bêtise d’un homme qui appuie sur tous les boutons de son logiciel de montage ? Impossible de savoir. Il faut rendre à César ce qui appartient à César : il est difficile d’oublier les films de Godard, pour le meilleur et pour le pire.