Brice de Nice a aujourd’hui les honneurs d’une très belle réédition 4K chez M6 Vidéo. L’occasion de revenir sur cette comédie qui a cassé des millions de spectateurs pour devenir instantanément culte.
Brice de Nice débarque en 2005 dans les salles de cinéma. Mais le personnage crée par un certain Jean Dujardin, dévoilé dans l’émission Graines de Stars, aura servi à l’acteur de véritable tremplin pour l’amener au rang des acteurs les plus doués et les plus populaires de notre cher cinéma hexagonal. Plus de 4 millions d’entrées pour le surfeur niçois, demeurant encore aujourd’hui le plus gros succès de Jean Dujardin au box-office, et des déclinaisons sous toutes les formes, de sonneries SMS en jeux-vidéos, et de tout un lot de répliques inondant les cours de récréation. La ressortie en 4K du long-métrage de James Huth nous permet donc de revenir sur cette drôle de comédie.
Dujardin fait un casse
En 2005, la carrière de Jean Dujardin n’en est encore qu’à ses débuts. Ayant laissé de côté sa troupe les Nous Ç Nous et sortant de l’encombrant succès d’Un gars et une fille, les rôles et les succès au cinéma de l’acteur sont alors encore timides, ayant bien du mal à se tirer de la comédie, malgré sa très bonne interprétation dans Le Convoyeur de Nicolas Boukhrief. L’Amour aux trousses, du réalisateur de la future trilogie du Bon Dieu, s’est avéré être un cuisant échec critique et public, rassemblant moins de 200 000 spectateurs en salles et nommant Jean Dujardin en Bidet du couple à l’écran avec Pascal Elbé. Si nos Razzie Awards nationaux ont heureusement préféré consacrer Pascal Légitimus et Johnny Hallyday dans Quartier VIP, la route semble alors longue et sinueuse pour emmener l’acteur jusqu’à l’Oscar.
Pourtant, Brice de Nice fonctionne comme une sorte de petit miracle. Le scénario écrit par Carine Angeli, Jean Dujardin et James Huth est revu par le réalisateur pour le muer en une sorte de conte à l’influence très cartoonesque. Parvenant avec peu de moyens (le film n’a coûté « que » 5 millions d’euros) à fourmiller d’idées visuelles (les orteils-pouce de Clovis Cornillac, la brosse à dents cheveux longs), Brice de Nice confirme la maîtrise formelle de James Huth après son barré et très réussi Serial Lover. Si le film n’est cependant pas exempt de nombreux défauts, dont celui d’avoir assez mal vieilli (nombre de comédies populaires en pâtissent) et de proposer un scénario assez fade, force est de constater que l’ensemble du casting s’avère tout bonnement excellent, Clovis Cornillac et Jean Dujardin en tête.
Le 4Kasse de Brice
La réédition de M6 Vidéo s’avère ainsi d’excellente facture. Les couleurs sont éclatantes, les pistes audio d’excellente facture, et les bonus, dont une version Kassée scindée en deux parties s’avèrent très amusants, surtout lorsque les acteurs interviennent. Mais le véritable conte de fée, si pour Brice de Nice l’histoire se poursuivra avec une suite de bonne facture, mais attirant moitié moins de spectateurs en salles que le premier opus, est bel et bien celui de Jean Dujardin. Parce qu’après plusieurs comédies de seconde zone (Mariages !, Il ne faut jurer de rien, Les Dalton), l’acteur entrera dans la décennie 2010 avec un tout autre prestige. Délaissant James Huth après Lucky Luke pour rencontrer un certain OSS 117 en compagnie de Michel Hazanavicius, la route vers la gloire semble alors bel et bien lancée pour Jean Dujardin.
Les succès critiques et publics pleuvent et les réalisateurs prestigieux s’enchaînent (Anne Fontaine, Bertrand Blier, Eric Rochant, Cédric Jimenez) jusqu’au fameux The Artist et l’Oscar du meilleur acteur. Si l’acteur reviendra très déçu de son aventure américaine après un passage chez un très grand Scorsese (Le Loup de Wall Street) et un très faible George Clooney (The Monuments Men), le retour à la comédie, et donc à son personnage de surfeur, permettra à Jean Dujardin de reposer (un peu) les pieds sur terre. Malgré la qualité moindre de ces films et de leurs succès (Un homme à la hauteur, Chacun sa vie, Le Retour du héros), Jean Dujardin s’en ira creuser des rôles plus en marge, là où l’acteur est le plus intéressant. I Feel Good, de Benoit Délépine et Gustave Kervern, et surtout Le Daim, l’un des meilleurs films de Quentin Dupieux et de l’acteur où sa prestation s’avère aussi attachante que vraiment glaçante.