Les vivants est le récit autobiographique d’une histoire d’amour et de vie après l’attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan.
Les vivants, ce sont qui ont survécu au drame. Ceux qui doivent se reconstruire avec le traumatisme. Ce sont Mousse et Léo, 30 ans, amoureux et fans de Rock’n’roll. Suite à l’annulation du concert de Patti Smith à l’Olympia, c’est finalement le concert des Eagles Death Metal qu’ils iront voir ce soir-là. Au Bataclan…
Nous avions beaucoup d’attentes à l’égard de cette pièce. Sans doute trop. Car nous sommes passés bien loin du coup de cœur espéré.
Un récit trop pudique ?
Il y avait beaucoup d’arguments pour nous convaincre pourtant. Un sujet forcément propice à l’émotion ; une mise en scène de Jean-Philippe Daguerre, auteur et metteur en scène des succès Adieu Monsieur Haffmann, La famille Ortiz, ou encore Le petit coiffeur ; et Julie Cavanna dans le rôle principal. Récompensée du Molière de la Révélation féminine 2018 pour son rôle dans Adieu Monsieur Haffmann, elle nous avait également bouleversés dans Mimosa, l’une de nos très belles découvertes du Off 2019.
Mais alors, qu’a-t-il bien pu se produire pour que nous passions à côté de cette pièce si prometteuse ? Pour commencer, nous n’avons pas été sensibles à la plume de Fanny Chasseloup qui nous a semblé manquer de nuances et de profondeur. Or, si l’ambition de le pièce n’est pas de sombrer dans un voyeurisme malsain – ce qui est plutôt respectable en soi – il est tout de même dommage de nous tenir à ce point en marge de l’émotion pour un sujet aussi fort que celui-là.
Un angle d’approche déroutant
La tonalité rock’n’ roll de ce récit aurait pu fonctionner si la mise en scène n’avait pas basculé dans une sorte de caricature. On a parfois le sentiment que cela sert de prétexte pour confondre le manque de relief du texte. Et l’incarnation du traumatisme en un personnage complètement décalé est plus troublante et dérangeante que drôle. Il nous a d’ailleurs fallu un moment pour comprendre ce qu’il représentait.
Et puis, bien que la complicité entre Mouss et Léo soit évidente, quelque chose nous a gênés dans la manière dont elle nous est présentée. Comme s’il y avait une volonté d’exposer un maximum de leur bonheur avant ce que l’on sait sur le point d’arriver, pour en accentuer l’impact. Dès lors, cela sonne beaucoup moins vrai. Sans parler de ces noirs à répétition qui saccadent l’histoire et nous éloignent un peu plus encore de l’émotion.
Après le traumatisme : la vie
Lorsque Léo se retrouve dans le coma, c’est l’humour qui sert cette fois de parade à l’émotion. S’y dissimulent tous les ‘pourquoi’ qui surgissent alors dans l’esprit de Mouss, jusqu’aux plus irrationnels, ceux qui cherchent à donner un sens à tout prix. Et l’on ne peut rester insensible à ce sentiment d’égarement soudain, à cette douleur profonde de ne pas pouvoir comprendre ce qui n’aurait jamais dû arriver.
Julie Cavanna nous livre un monologue puissant, interprété avec une authenticité pure, et juste ce qu’il faut de pudeur. La comédienne a décidément ce talent de transcender les mots dès lors qu’elle se retrouve seule face à eux, face à nous. Les vivants ne nous a pas emmenés dans le tourbillon émotionnel que nous espérions. Mais l’histoire n’en reste pas moins touchante et nécessaire, parce qu’il s’agit d’un récit intime qui porte un message fort d’amour et de résilience.
Les vivants, de Fanny Chasseloup, mis en scène par Jean-Philippe Daguerre, avec Julie Cavanna, Alexandre Bonstein, Benjamin Brenière & Hervé Haine, se joue au Théâtre des Corps Saints, à Avignon, du 07 au 31 juillet à 21h. Relâche les lundis.
Puis, le 03 février 2022 à Bruxelles, le 11 mars à Nîmes et le 12 mars à Salon de Provence.
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