Le cabaret des absents est une pièce chorale à la forme inédite qui questionne avec poésie la place de l’Art dans nos existences.
Le cabaret des absents nous ouvre les portes d’un théâtre sauvé de la destruction dans les années 1970 par un riche passionné d’art américain qui décida d’en faire un lieu à la fois de vie et de spectacle. C’est à partir de cette histoire vraie du Théâtre du Gymnase, à Marseille, que François Cervantes a tricoté cette fable assez surprenante et inventive, qui nous a toutefois laissé un sentiment un peu mitigé.
« Nous connaissons tous des gens qui n’ont jamais passé la porte d’un théâtre, mais pour qui, pourtant, nous continuons à faire du théâtre ».
Un exercice de style troublant
« Il y a des centaines de personnages, il n’y a pas d’histoire. » Le spectacle aura été à la hauteur de ces quelques mots du début : intrigant, improbable, déroutant. Nous avons commencé par nous demander ce que nous faisions là, si tout cela allait finir par prendre un sens. 6 comédiens se tiennent debout devant nous, sur une scène nue. Ils racontent des scènes de vie banales qui s’entrecroisent sur un ton plutôt monocorde. Quand soudain, un danseur à plumes débarque sur scène et nous livre une chorégraphie endiablée…
Rien ne semble avoir de sens, c’est troublant… Et pourtant, quelque chose se passe. Une certaine poésie commence à se dégager de l’ensemble. Toute la pièce se déroule ensuite ainsi : entre les passages de narration collective, des saynètes parfois touchantes, parfois drôles s’intercalent pour illustrer l’histoire, l’un des ses personnages. Et la forme se dessine doucement. Celle d’une ville métissée dans laquelle le théâtre est le lieu central où l’on vit, où l’on dîne, où l’on chante, où l’on vibre.
Un kaléidoscope de fantaisies
Perché sur des échasses, un travesti interprète une chanson d’Aznavour ; un personnage apparaît dans la malle d’un grenier dans laquelle il vit parce qu’il avait trop chaud dans le four à pizza ; un nain fait voler des oiseaux en papier au rythme de ses sifflements ; deux clowns sensés faire le ménage débarquent et n’en font qu’à leur tête ; un couple âgé dîne face à nous, se réjouissant de vivre ainsi leur première soirée au théâtre ! Une scène hilarante !
Les absents nous disent aussi pourquoi ils ne sont pas là, tout comme il y a des chinois sans Chine, des jardiniers sans jardin, des citoyens sans papier… Il y a beaucoup de poésie et d’humanité dans ce cabaret. Dans ces bribes de vie qui s’entremêlent, dans cette histoire sans début ni fin. Quelques éclats de rire dispersés retentissent tout au long de la pièce, certains spectateurs abandonnent en route.
Difficile de savoir si nous avons aimé ou non. Sans doute sommes nous restés à mi-chemin. Quelques passages nous ont séduits c’est certain, et les comédiens nous ont convaincu par leur présence, bien qu’un peu moins dans les passages chantés. Mais probablement que le procédé stylistique a fini par nous lasser, et qu’il nous a manqué de pouvoir nous attacher aux personnages fantômes dont on nous conte des moments de vie.
Le cabaret des absents, écrit et mis en scène par François Cervantes, avec Théo Chédeville, Louise Chevillotte, Emmanuel Dariès, Catherine Germain, Sipan Mouradian & Sélim Zahrani, se joue au 11. Avignon, du 07 au 29 juillet à 22h30. Relâche les lundis.
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