Mimosa est une fable autobiographique dans laquelle une jeune fille raconte avec sincérité, douceur et humour son passage chaotique à l’âge adulte.
L’adolescence… Une bien complexe étape de vie que chacun traverse comme il le peut, affrontant les turbulences avec ses armes, sa sensibilité, ses fragilités, ses peurs. Pour Mimosa, « Mon p’tit bout de gras » comme l’appelle « affectueusement » sa mère, c’est une période passée à distribuer ses repas aux autres à la cantine, à faire de l’exercice et à scruter son corps en permanence.
Alors, le temps de ses insomnies peuplées d’inquiétudes et d’incompréhensions, elle nous livre son calvaire de vie avec celle qu’elle ne nomme jamais autrement que par ses maux : l’anorexie. Une pièce qui, dans sa manière d’aborder la thématique des troubles alimentaires, fait d’ailleurs écho au livre ‘Faim de vie‘.
Le récit pudique d’un mal-être
Mimosa a 13 ans. Sa mère et sa sœur sont « belles comme des stars de cinéma ». Mais elle, elle ressemble plutôt à Bérénice, la peste de la classe qui se moque toujours d’elle. Mimosa est docile, gentille, fragile. Voilà ce qu’on dit d’elle.
Ce qu’on ne dit pas c’est qu’elle calcule obsessionnellement les calories de chaque aliment. On ne dit pas non plus qu’elle avale des boules de coton avant les repas pour couper sa faim. Ni qu’elle se pèse entre 10 et 50 fois par jour, à l’affut du moindre gramme en plus. Ou en moins.
Ça, c’est elle qui nous le dit, noyée dans un t-shirt trop grand qui efface ses formes, mais pas son sourire. Le notre, en revanche, s’est absenté lors de l’énumération de tout ce que cette maladie lui fait perdre. Une scène bouleversante. Et forcément un peu plus encore lorsqu’elle résonne comme un écho à une expérience personnelle.
Une belle leçon de vie
Ses interminables listes d’aliments énoncées à toute vitesse nous font d’abord sourire. Puis, leur répétition révèle l’engrenage infernal qui se tisse, tel une toile au cœur de laquelle Mimosa se débat. Car elle voudrait juste être légère, pouvoir s’envoler. Pas mourir.
Sans jamais chercher à désigner un coupable, elle met en scène des éléments de son existence d’adolescente qui permettent de mieux cerner sa difficulté à grandir dans un monde où elle ne trouve pas sa place. Son père absent, sa mère mal-aimante, sa grande sœur brillante, sa camarade de classe moqueuse, son amoureux secret…
Autant de personnages qui viennent illustrer toutes ces « petites » violences quotidiennes. Mais malgré tout, l’espoir demeure. Et la vie l’emporte. Parce qu’il y a ce refus de faire de cette souffrance une identité, d’être « une anorexique ». Parce qu’il y a tellement d’autres choses à être…
Une merveilleuse comédienne
Molière de la Révélation féminine 2018 avec son rôle dans Adieu Monsieur Haffmann, Julie Cavanna est tout simplement éblouissante. Elle incarne Mimosa avec une douceur et une sensibilité qui empêchent l’apitoiement et recouvrent la pièce d’une aura lumineuse, malgré un thème douloureux et complexe.
Ainsi, le mal-être de la jeune fille nous parvient teinté d’humour, de colère, ou de poésie. Et son interprétation du personnage horripilant de la mère de Mimosa est, quant à elle, jubilatoire ! Quel talent faut-il avoir pour nous faire ressentir tant d’affection et d’empathie envers un personnage, et nous faire détester avec autant de plaisir un autre dans le même temps ! Amandine Raiteux, l’auteur du texte, n’aurait pu mieux choisir pour donner vie à ce récit autobiographique et rendre cette tranche de vie digeste.
Mimosa, d’Amandine Raiteux, avec Julie Cavanna, se joue au Théâtre Arto, à Avignon, du 05 au 28 juillet 2019 à 11h25.
[UPDATE 2022] Se joue du 07 au 30 juillet 2022 au Théâtre La Luna au Festival OFF d’Avignon.
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