L’affranchie est l’histoire vraie d’une renaissance, celle d’une d’une jeune femme sans racine qui cherche comment appartenir à ce monde tout en étant différente.
Alice a 4 ans lorsqu’elle perd sa mère et rejoint une famille adoptive. 13 ans lorsqu’elle tombe enceinte de son frère adoptif avec lequel elle vit un amour fusionnel. 14 ans lorsqu’elle se retrouve internée à la demande de sa mère adoptive. 36 ans lorsqu’elle nous parle enfin, prête à renaître.
L’Affranchie est une pièce qui nous a séduits sans nous faire chavirer.
Devenir soi sans tout à fait quitter les autres
Comment être « avec » les autres sans être comme eux ? Comment devenir une mère lorsqu’on a manqué de la sienne ? Des questions qui se dessinent rapidement en arrière plan de ce que nous confie Alice. Car celle qui l’a élevée, ce n’est pas sa mère, c’est « la » mère. Nuance. C’est ainsi que la jeune femme parle tout au long du spectacle de cette mère de substitution qui a bien été incapable de l’aimer dans sa différence, de comprendre son hypersensibilité.
Mais sans doute est-ce aussi ce manque d’un amour maternel véritable fait de tendresse et de compréhension qui a poussé Alice à affirmer davantage encore ses singularités. A s’extraire du troupeau pour devenir libre, comme elle le répète. A renaître à elle pour être capable, enfin, d’être à son tour une mère et de retrouver ce fils qui lui manque depuis bien trop d’années.
Une comédienne qui illumine par sa présence
Pauline Moingeon Valles incarne le rôle d’Alice adulte, mais elle nous plonge aussi régulièrement dans des moments passés avec sa famille adoptive, ainsi que dans des flashbacks d’entretiens cliniques lorsqu’elle était ado et internée. Elle se glisse avec aisance dans la peau de ces différents personnages qui prennent vie sous nos yeux, sans jamais chercher ni bourreau ni victime.
La comédienne est lumineuse, ce constat saisit dès les premiers instants du spectacle. Elle est à la fois toute en retenue et imprégnée d’une énergie de vie belle à regarder, à ressentir. Il se dégage de son jeu une forme de simplicité qui empêche la plainte. Car c’est d’abord heureuse que se raconte Alice. Mais si elle semble n’avoir aucun drame à nous livrer, pourtant, ce sont bien des souffrances qui se disent peu à peu, à demi-mots, avec humilité.
Des émotions qui nous effleurent à peine
Un choix à double-tranchant toutefois, car si cette pudeur permet à la pièce de ne pas sombrer dans quelque chose de larmoyant, cela nous a également tenus à distance de l’émotion. A moins que ce ne soit justement l’émotion qui se soit tenue à distance de nous.
Alors voilà, aussi jolie que soit cette pièce à regarder, aussi touchante soit l’histoire, et aussi talentueuse soit la comédienne, L’Affranchie n’a en nous rien ancré d’impérissable. Elle n’a pas provoqué cette vague intérieure que l’on aime tant ressentir lorsqu’un spectacle nous chahute, nous bouleverse. Ce n’est probablement qu’une affaire de sensibilité. Et après Un garçon d’Italie et Tant qu’il y aura des coquelicots, cela n’en reste pas moins une jolie découverte de plus au théâtre Transversal !
L’affranchie, de et avec Pauline Moigeon Valles, mis en scène par Élise Touchon Feirreira, se joue au Théâtre Transversal, à Avignon du 05 au 28 juillet à 12h30. Relâche les 09, 16 et 23 juillet.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon ici.