Disparu est un seul en scène en scène pudique dans lequel une femme parle de son fils disparu volontairement pour des raisons inconnues.
En France, selon le ministère de l’Intérieur, environ 2500 adultes disparaitraient chaque année sans donner un quelconque signe d’existence à leurs proches. C’est ce thème des disparitions volontaires qu’aborde Disparu. Mais du point de vue des proches. De ceux qui restent. D’une mère qui tente, comme elle le peut, de donner vie à une présence fantôme.
Un récit qui fait exister l’absent
Il n’est plus là. Mais il n’est nulle part ailleurs non plus. Ni à l’autre bout du monde, ni mort, ni en chemin pour rentrer. Il a simplement tout abandonné pour démarrer une autre vie ailleurs, sans rien dire à personne. Un être soudain rendu invisible, et une décision difficile à vivre pour les proches qui vacillent entre attente, inquiétude et incompréhension. Parce qu’il est encore trop tôt pour le chagrin et que le deuil n’a pas sa place. Alors, pour rendre l’absence moins présente, cette mère nous raconte son fils. Elle nous livre des fragments de vie, des souvenirs au milieu desquels elle cherche chaque fois un signe, une piste, une pièce du puzzle.
Un seul en scène intimiste
Dans une mise en scène minimaliste qui focalise l’attention sur cette mère, assise sur une chaise au milieu de la scène, seule avec ses émotions, ce silence, et cette absence. Laure Wolf est incroyablement expressive, littéralement habitée par son personnage. Et toutes les émotions qu’elle exprime sonnent parfaitement juste. Elle raconte la quête obsessionnelle du père, lancé à la recherche de leur fils. Le regard perdu dans le vide de l’absence elle exprime l’attente qui n’en finit pas, l’espoir qui demeure, le sursaut d’inquiétude. « Le mot enquête me fait basculer dans une urgence froide. » Le texte de Cédric Orain est minutieux. Une longue liste de « je crois » traduit cette incertitude permanente. Car rien n’est su.
Une pièce qui manque de relief
Si le thème est intéressant et peu abordé au théâtre (ou ailleurs !) sous cet angle, nous avons eu du mal à nous laisser embarquer par la pièce qui nous a semblé monotone. Car l’interprétation de la comédienne est, certes, d’une grande sincérité, mais très intérieure. Trop intérieure pour que l’émotion nous parvienne. Aussi, il se dégage quelque chose d’assez froid, semblable à l’atmosphère que l’on peut retrouver dans les œuvres nordiques et à laquelle nous sommes peu réceptifs. Il n’y a que lorsqu’elle imagine l’intensité brutale et sidérante que pourrait être le retour de son fils qu’elle semble reprendre vie et tourne le regard vers l’extérieur d’elle. Seul instant où l’émotion arrive jusqu’à nous. Dommage.
Disparu, écrit et mis en scène par Cédric Orain, avec Laure Wolf, se joue au Théâtre du Train Bleu, à Avignon, du 05 au 28 juillet 2019 à 19h30. Puis du 05 au 08 novembre 2019 à Amiens.
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