All You Need is Kill est l’adaptation du manga éponyme en film d’animation par Studio 4°C. Présenté au Festival d’Annecy, ce récit d’action-SF propose une structure proche de celle d’un jeu vidéo, ou bien de la précédente adaptation qu’était Edge of Tomorrow.
All You Need is Kill n’est peut-être pas un nom qui déchaîne les foules au premier abord. Pourtant, ce manga de Hiroshi Sakurazaka sorti en 2014 profitait la même année d’une adaptation américaine plutôt libre : Edge of Tomorrow ! Le film (réussi) avec Tom Cruise conservait par ailleurs la structure de base du bouquin, mais dans un écrin techno-réaliste plus crépusculaire tout en modifiant globalement la seconde moitié du récit.
Les aliens ont (encore) le mauvais rôle
Pour rappel, All You Need is Kill se situe dans un futur proche, peu après qu’une étrange menace extra-terrestre n’ait émergé 1 an plus tôt. Dans cette nouvelle transposition cinématographique, cette dernière prend la forme d’une gigantesque formation arborescente apparemment en sommeil. Nous découvrons ainsi Rita, une jeune employée de chantier usant pour la première fois d’un exo-squelette pour exécuter des tâches de transport au pied de cet édifice alien.

Malheureusement, cette journée en apparence ordinaire lance une offensive contre l’humanité via les Mimics (des aliens au look d’arthropode bio-mécanique assez proche des Sentinelles de Matrix). Ces assaillants justement sortis de ce mystérieux arbre déciment toute âme présente..à l’exception de Rita ! En effet, la jeune femme se retrouve dans son lit le matin-même quelques heures plus tôt, peu après avoir transpercé un Mimic avec une arme. Une boucle temporelle s’active donc, alors qu’elle est condamnée à revivre la même journée.
All You Need is Kill & Die & Retry
Une timeloop qui embrasse ainsi une répétitivité complètement assumée, et un mystère sous-jacent pour les 2 tiers de l’intrigue. All You Need is Kill s’apparente ainsi à un die & retry typiquement vidéoludique dans son essence (Dark Souls es-tu là ?), alors que l’héroïne apprend peu à peu à parfaire ses techniques de survie, puis de combat, et enfin de compréhension globale des tenants/aboutissants de ce Jour Sans Fin.
Moins ample qu’Edge of Tomorrow ni aussi viscéral que le manga de base, ce All You Need is Kill profite d’une facture visuelle plus chatoyante en terme de colorimétrie, dont le design japanim jure par instants avec l’incrustation 3D des divers personnages et créatures. Un aspect hybride que les productions japonaises n’ont pas encore réussi à complètement masterisé comparé aux Occidentaux, mais qui a le mérite de garder une certaine cohérence globale.

Mais plus encore, le réalisateur Kenichiro Akimoto propose une mise en scène immersive (au sound design strident) toujours centrée sur sa protagoniste. Tentant tout d’abord de fuir (impossible, l’invasion s’étend dans le monde), puis de de maîtriser l’esquive au sein de sa combinaison augmentée, Rita devient peu à peu le prototype de l’action girl badass.
Relationnel qui tire le film vers le bas
Pour autant, tout fonctionne de par le processus d’apprentissage par des morts successives, avant que l’héroïne ne masterise son style de combat dans des séquences d’action dynamiques véloces, mais toujours lisibles et trépidantes. Il sera donc dommage de constater que pour son dernier tiers, All You Need is Kill introduit le personnage de Keiji (le héros du manga à l’origine, reconverti ici en geek traversant les mêmes étapes que Rita en accéléré) avec beaucoup moins d’efficacité.

Par ailleurs, le lien émotionnel reliant les 2 personnages se révèle non seulement moins percutant que dans le matériau de base (et la fin beaucoup moins radicale), mais moins travaillé via une construction qui ne permet pas d’apprécier cette relation bazardée en 30 minutes. Pour autant, le pay-off fonctionne plutôt bien dans un climax là encore bien pêchu.
Mais là demeure la limite de ce All You Need is Kill tout de même fabriqué avec métier : derrière un respect affiché du manga, le film fait parfois penser que les personnages ont aussi délayé les bonnes décisions à prendre (au hasard…demander de l’aide !). Et même si tout ceci intervient à la fin, toute cette trame conserve tout de même une certaine cohérence inhérente à son concept et à l’arc narratif de son personnage solitaire. Pas trop mal quoi !
All You Need is Kill n’a pour le moment aucune date de sortie. Retrouvez tous nos articles du Festival d’Annecy ici.
avis
Entaché par un dernier tiers nettement moins bien tendu que les précédents, cette ré-adaptation de All You Need is Kill affiche un style visuel hybride singulier ne dévitalisant jamais ses scènes d'action électrisantes. Pas mal !