Article écrit par Chloé Claessens.
Djihad, extrémisme religieux, dictature hiératique, c’est dans un contexte d’actualité brûlante que s’inscrit Timbuktu d’Abderrahmane Sissako.
Le jour où il tue accidentellement Amadou, Kidane doit faire face aux lois insensées qui régissent le secteur depuis que Tombouctou est tombée sous le joug des extrémistes.
Tout l’enjeu de Timbuktu réside dans sa portée universelle, alertant sur les dérives de l’Islam en Afrique. Résistance et châtiments se côtoient dans un monde irrationnel où même les djihadistes font parfois preuve d’humanité, trahissant un dysfonctionnement certain du système qu’ils s’évertuent à mettre en place. Intelligemment, le cinéaste s’affranchit de tout manichéisme et prend le parti paradoxal d’une réalisation poétique et contemplative, contrebalançant la violence ambiante.
Timbuktu est un prétexte au documentaire. Fustigeant librement, il incite également à ne pas oublier ceux qui ont inspiré le film. Une volonté de réalisme renforcée par le statut amateur des acteurs dont certains ont véritablement vécu le djihad et l’exil.
Présenté en compétition officielle à Cannes cet été, Timbuktu est reparti bredouille du Festival. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir réalisé une performance amplement méritoire.
Timbuktu sort le 10 décembre 2014.