Mafia revient dans un remake tout beau tout chaud, sous-titré Definitive Edition. Vendue à l’unité ou au sein de la Mafia Trilogy, constitué d’un remastered de Mafia 2 et Mafia 3 avec tous leurs DLC, cette nouvelle mouture est une aubaine parfaite pour tout joueur désireux de (re)vivre une des aventures charnières du genre près de 18 ans plus tard.
Mafia aura marqué une génération de joueurs en 2002, et ce pour plusieurs raisons. Au milieu de multiples GTA-like tels que les jeux Scarface ou Grand Theft Auto III et Vice City, les développeurs de Illusion Softworks plaçaient au centre l’immersion par le scénario et les personnages. En résultait donc une oeuvre à l’ambiance exceptionnelle, jouissant d’une histoire marquante et maîtrisée.
Après un second opus en 2010 et un Mafia 3 en 2016 plutôt déceptifs malgré un soin narratif certain, Hangar 13 décide de boucler la boucle. Mafia Definitive Edition arrive donc (seul ou dans une Mafia Trilogy complète), développé via le moteur de Mafia 3. Désireux de remettre au goût du jour le titre d’époque, qui il faut l’avouer a vieilli à de nombreux égards, le studio réussit-il à appliquer ses promesses ? Réponses juste ici :
Un scénario toujours aussi maîtrisé
Mafia nous introduit rapidement le personnage central de Tommy Angelo, chauffeur de taxi à Lost Heaven (un simili-Chicago) au tout début des 30’s. Lors d’une course, il devra emmener 2 mafieux en lieu sûr, poursuivis par le clan de Don Morello. Suite à cette aventure mouvementée, Tommy sera embauché par Don Salieri (l’autre grand parrain de la pègre) en guise de reconnaissance. Plongé dans le milieu criminel, Tommy montera les échelons dans une grande histoire prenant place sur plus de 10 ans, mêlant meurtres, Grande Dépression, trafic, trahisons, famille, romance et tragédie.
Le scénario était déjà une grande réussite à l’époque, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Tout fan d’oeuvres comme Le Parrain, Les Affranchis, Les Incorruptibles ou bien Les Sopranos sera en terrain connu, d’autant que Mafia bénéficie de nombreux clins d’oeil aux ténors du genre. Loin d’être dans le décalque facile, le remake modifie certains segments originaux pour les raccourcir, les étendre et littéralement « gonfler » l’expérience globale. La narration est plus approfondie via des dialogues qui sonnent toujours juste, certaines relations sont plus développées et nuancées…même certaines missions sont remises au goût du jour avec brio, jusqu’à son final mémorable qui aura marqué le jeu vidéo. Si le déroulé global pour tout connaisseur n’aura rien de profondément original, le tout est d’une cohérence à toute épreuve.
Une reconstitution aux petits oignons, bien que perfectible
Ce qui marque également dans Mafia est évidemment son ambiance tout simplement parfaite. D’entrée de jeu on prend un vrai plaisir à déambuler dans Lost Heaven, qui est palpable et plutôt vivante malgré le fait que l’open world est peu riche en possibilités. Qu’on ne s’y trompe pas : l’aspect ouvert de Mafia est avant tout un prétexte à l’immersion du joueur, au service d’une expérience narrative. Si un mode circulation libre offre quelques défis supplémentaires (dont la quête de collectibles), pas de missions secondaires ou activités annexes, le coeur du jeu est bien sûr son aventure principale chapitrée.
Techniquement le jeu est beau, sans nêtre dans le haut du panier. On pourra également déplorer un clipping plutôt prononcé lors de la conduite, mais au-delà de ça, Mafia Definitive Edition jouit d’une plastique aguicheuse. Que ce soient en ville ou à la campagne, le résultat est soigné, tandis que les effets de lumière saupoudrent le tout de jour comme de nuit, tells la cerise sur la gâteau. Si les environnements sont tous très réussis, on regrettera que la bonne modélisation des personnages soit handicapée par des animations faciales et corporelles peu convaincantes et beaucoup trop robotiques. Quelques bus ici et là, tout comme des déclenchements de scripts dialogués hasardeux n’entachent heureusement pas le ressenti global, et son font plutôt rares.
Une jouabilité qui gagne en nervosité, sans être renversante
Rayon gameplay, même formule : une remise au gout en bonne et dûe forme, sans forcément transcender sa mécanique de jeu ! Les gunfights sont péchus, bénéficient d’un bon feeling manette en main, et se révèlent moins fastidieux qu’à l’époque. Les combats sont donc repensés, mais classiques en fin de compte, malgré quelques sursauts de mise en scène (une intense course-poursuite nocturne avec la police à mi-parcours notamment). La conduite elle, se veut plus plaisante suivant le type de véhicule utilisé. Années 30 oblige, les diverses voitures ne sont nullement des savonnettes ou des bolides ultra maniables, il faudra donc savoir gêrer l’accélération, le freinage et surtout le frein à main !
Niveaux détails qui pèchent : l’IA des adversaires n’a pas bougé d’un iota en quasi 20 ans, et nos multiples assaillants onht donc le cerveau d’un mollusque (compensé par leur propension à tirer à tout va). Pareil dans les mouvements ou interactions avec l’environnement, on sent qu’on a toujours affaire à un jeu d’il y a 2 générations. On pestera parfois lorsqu’on notre personnage ne se mettra pas bien en face d’une échelle pour la prendre, au bon endroit d’un rebord pour l’escalader, ou lors d’une infiltration peu calibrée. Si la difficulté est bien dosée, les joueurs pourront aussi se pencher sur le mode « classique », modifiant la réactivité de la police ou encore des éléments de l’interface.
Une expérience immersive perfectible mais qui laisse une très belle impression
Malgré une structure et des mécaniques de jeu un chouilla vieillissantes par endroits, difficile de ne pas être conquis par le soin apporté sur ce Mafia Definitive Edition. Parvenant avec brio à moderniser la narration globale sur la dizaine d’heures nécessaires pour finir le titre, on ressort du jeu avec le sentiment d’avoir affaire à un remake de très bonne facture. De son ambiance aux petits oignons, ses personnages fouillés qui gagnent encore plus en profondeur (le romance centrale y est accentuée avec bienvenue), sa trame rythmée et jubilatoire, sa bande son jazzy et son excellent doublage (en VO comme en VF), le soin apporté est présent pour notre plus grand plaisir.
C’est dommage de ne pas avoir poussé cette philosophie jusqu’au bout dans le gameplay, qui est des plus classiques, mais plutôt carré et sans gros bout de gras. Si on met de côté la technique un brin imparfaite en terme d’IA par exemple, Mafia Definitive Edition est un jeu à faire tout simplement. Que vous soyez néophytes à la franchise, ou désireux de redécouvrir cette aventure sous un meilleur jour, il n’y a pas de raison de se priver. Pour conclure : la scène finale, marquante à plus d’un titre, est actualisée pour faire un lien attendu avec Mafia 2, et sans jamais en diminuer l’impressionnante force. Oui, on aurait presque envie de se refaire toute la trilogie d’un coup !