Orwell concrétise les théories de 1984 en piégeant ses joueurs dans les engrenages pernicieux de la surveillance généralisée.
13 avril 2017, Place de la liberté, Bonton (ville factice), un attentat éclate. Grâce à la vidéosurveillance et au nouveau programme de contrôle de la Nation baptisé Orwell, le joueur devra remonter la piste des terroristes. Jusqu’ici, nous semblons rangés du côté du bien et de la justice… Pourtant, ce jeu indépendant d’Osmotic Studios ne cessera de questionner notre éthique et notre morale.
Inspecteur gadget
Orwell est un jeu de simulation reposant sur l’analyse de contenus web, d’écoutes et de piratage informatique. Son interface claire et intuitive permet de naviguer aisément entre les suspects et les modes d’espionnage. Cette chasse au terroriste s’effectuera uniquement à la souris, car le gameplay se résume à ouvrir des pages web et cliquer sur les éléments importants à téléverser dans les serveurs d’Orwell. Une bande-son épurée, bien que convenue, accompagne l’ensemble afin de briser la monotonie de la lecture.
Orwell dispose en effet d’un large panel de documents web; des réseaux sociaux, aux comptes bancaires, en passant par les sites gouvernementaux. Le soin apporté aux détails de chaque page de ce web factice confère à ce titre une sensation impressionnante de réel. Presque toutes contiennent des informations cruciales sur les suspects… mais qui entrent parfois en contradiction ! Ainsi, cette immersion au sein de l’unité d’espionnage de la Nation est réaffirmée par un scénario dense et à rebondissements. À l’image d’un épisode de Crimes ou de Non élucidé, Orwell sème le doute et chaque personnage est tour à tour principal suspect.
Le maillon faible
Le gameplay d’Orwell se veut, quant à lui, bien plus minimaliste. Les joueurs sont pris par la main, au gré d’une phase de tutoriel bien plus longue qu’elle ne le devrait. Et, au final, le titre ne se résoudra à nous laisser voler de nos propres ailes. Les informations à extraire des pages ou des conversations, les datablocks, resteront jusqu’à la fin mises en évidence par un gras surlignage bleu ou jaune. De fait, la résolution de l’enquête ne posera pas la moindre difficulté. En lisant toutes les pages et en examinant les moindres recoins, l’aventure n’excédera pas les quatre heures.
En définitive, Orwell laisse bien moins de liberté qu’il n’en laisse entrevoir au départ. Notre mentor indique au départ qu’il nous revient le choix de définir quelles informations sont nécessaires à la résolution de l’enquête. Or, les joueurs seront souvent contraints de téléverser des informations qu’ils désapprouvent, pour débloquer le scénario. Aussi, sans spoiler, la fin unique peut faire grimacer. Ce jeu met en œuvre le principe de pensée unique, qu’il ne cesse pourtant de dénoncer…
Souriez, vous êtes filmés
Orwell aborde le sujet de plus en plus sensible de la surveillance totale par un prisme éducatif. Il a vocation à mettre en garde contre les dérives totalitaires du monde réel, grâce à son scénario épais. Ainsi l’aspect réflexif, voire ludique, d’une résolution d’enquête est ici éludé, comme le montre la superficialité du gameplay. Un élément pouvant vite se révéler frustrant, car il est communément admis dans les jeux à choix que les décisions prises influent sur le cours de l’histoire (Fable, Mass Effect, Life is Strange, …).
Orwell, initialement sorti en 2016, est offert sur l’Epic Game Store du 10 au 17 août 2023.
Avis
Cette simulation orwellienne parvient à convaincre par son sens du détail et son intrigue incriminant plusieurs personnages. Cependant, le gameplay fait défaut en prémâchant le travail aux joueurs beaucoup plus qu'il ne le faudrait.
- Scénario
- Gameplay
- Durée de vie
- Graphismes
- Bande-son