« Dans mes rêves agités, je vois cette ville. Silent Hill », c’est ce que tous les joueurs se disaient après avoir joué à Silent Hill 2 en 2001. Vingt-trois ans plus tard, Konami vous propose de replonger dans ces limbes. Une seule question subsiste : survivrez-vous au cauchemar ?
Que vous soyez un gamer affûté ou bien novice, on serait plutôt étonné que vous n’ayez jamais entendu parler de Silent Hill. Développé par Konami CE Tokyo et édité par Konami en 1999 sur PlayStation, il s’installe rapidement comme une bible du survival horror. Tout comme son prédécesseur – ainsi que son aîné – le jeu, culte et classique, projette le joueur aux côtés de James. Ayant reçu une lettre de sa femme décédée, il se rend là où ils ont partagé tant de souvenirs dans l’espoir de la revoir… à Silent Hill. Là-bas, près du lac, il rencontre une femme qui lui ressemble étrangement.
Alors que l’âge d’or de la licence se situe entre 1999 et 2004 (la trilogie originelle ainsi que The Room), elle connaît une ribambelle d’épisodes moins populaires. En 2014, Sony Computer Entertainment présente à la Gamescom un teaser interactif intitulé PT. Celui-ci se révèle être un nouveau jeu de la saga, sobrement intitulé Silent Hills. L’équipe de développement présente Hideo Kojima et Guillermo del Toro aux commandes, avec en tête d’affiche Norman Reedus.
En mars 2015, on apprend que Kojima est sur le point de quitter Konami après l’achèvement de Metal Gear Solid V : The Phantom Pain. Puis, en avril 2015, del Toro aurait déclaré au Festival international du film de San Francisco que Silent Hills était annulé. Le lendemain, Norman Reedus confirme l’information sur X. Quelques jours plus tard, Konami confirme aussi l’annulation du jeu mais reste ouvert à de futures collaborations avec Reedus et del Toro.
Après plusieurs années de silence radio, Konami fait une présentation intitulée Silent Hill Transmission en octobre 2022. La société annonce un nouveau long-métrage, Return to Silent Hill ainsi que plusieurs jeux. Silent Hill f, Silent Hill: Townfall, Silent Hill: Ascension mais surtout, un remake de Silent Hill 2. Celui-ci marque le retour de Masahiro Ito, designeur de créatures ; ainsi que d’Akira Yamaoka, le compositeur original.
Le jeu est développé par Bloober Team qui indique vouloir préserver l’atmosphère qui rendait Silent Hill 2 aussi exceptionnel, tout en modernisant le gameplay de manière générale. L’histoire, elle, reste la même. James Sunderland reçoit une lettre de sa défunte femme Mary morte il y a trois ans, lui demandant de la rejoindre dans la ville de Silent Hill.
Bienvenue à Silent Hill
Première impression après avoir lancé le jeu, c’est évidemment sa magnificence. L’utilisation d’Unreal Engine 5.1 et de ses nombreuses technologies permettent de rendre le jeu des plus réalistes. Le mélange de photogrammétrie, du ray tracing, des nouvelles virtual shadow maps (manière de générer les ombres) alliées aux nouveaux générateurs de physique, mais surtout de particule (avec notamment son iconique brouillard) rendent la ville palpable et plus belle que jamais.
En termes de gameplay, la Bloober Team a réalisé une prouesse. Pour commencer, elle réussit son pari de réinventer Silent Hill 2 avec sa caméra à la troisième personne. On découvre un parfait mélange entre survival-horror et actionneur nerveux. Les ennemis sont des plus agressifs. Ils obligent en permanence le joueur à s’y confronter plutôt que de les fuir, au travers d’un système de combat des plus soignés. L’adresse sera de mise, vu que les ennemis sont capables d’esquiver chaque coups qui leur seront assénés.
À la manière du premier Remake de Resident Evil, il faudra d’ailleurs bien s’assurer d’achever à coup de tuyau les monstres de la ville, sans quoi elles se relèveront lors de vos futurs passages. En découle une violence des plus sanguinaires, donnant un aspect très mature au jeu, tant sur sa forme que sur son fond. Car si la Bloober Team a amené un soin assez particulier à son gameplay, elle a aussi réussi à garder l’essence du scénario originel.
Silent Hill nous replonge dans un script des plus mystérieux dans lequel l’envoûtement est total. Métaphore de l’esprit de James, la ville, les monstres et les personnages ne seront pas expliqués, malgré leur aspect surréaliste. La suggestion permet alors une interprétation libre au joueur qui peut, s’il le veut, reconstituer le puzzle du sous-texte de l’histoire de James. S’il faut une réflexion avisée pour interpréter chaque détail du mystère de Silent Hill, l’onirisme sera aussi de mise au travers des nombreuses énigmes qui ponctuent le jeu.
Plusieurs modes de difficultés sont d’ailleurs proposés, indépendamment de celui du jeu principal. Le joueur est donc libre de choisir à quel point il veut se challenger, tant sur le temps action que réflexion. On vous recommande cependant d’utiliser les modes de difficultés les plus élevés. Le jeu est notamment rempli de cartouches pour toutes les armes mis à disposition, ce qui rend l’aventure un peu moins difficile que celle à laquelle on s’attend, dommage.
Si le challenge est un peu décevant, il aura néanmoins été relevé par la Bloober Team. Le jeu est un très bel hommage à l’original comme au survival-horror lui-même. Le sound design permet d’ajouter un vrai plus à l’aspect horrifique comme celui de la violence viscérale. En émane un véritable contraste entre les longs silence des couloirs abandonnés jusqu’à la découverte des créatures hostiles. Le son des cris et le bruit des coups ajoutent un véritable poids au jeu, une véritable maturité.
Une cinématographie psyché
La grande force et originalité des premiers Silent Hill était l’utilisation de sa caméra. On se rappelle des longs mouvements de grue qui introduisent Harry dans la ville fantôme du premier jeu. Mateusz Lenart propose une réalisation aux petits oignons, notamment au travers de cinématiques des plus filmiques. Caméra déboulée, longs travellings et découpage relativement lent, on a rarement vu des choix aussi audacieux dans l’univers du jeu vidéo. Enfin, on notera l’omniprésence des reflets et des miroirs, avec des images d’une beauté étonnante encore rarement vu dans cette industrie.
Techniquement quasi irréprochable, la Bloober Team arrive également à dresser le portrait de personnages des plus ambigus. Luke Roberts réalise une performance des plus bouleversantes dans le rôle de James Sunderland, tandis que Salóme Gunnarsdóttir incarne à merveille la troublante Mary. Secondaires dans l’intrigue et pourtant aussi iconique de Silent Hill 2, on retrouve les troublantes Laura, Angela et Eddie, incarnés par Evie Templeton, Gianna Kiehl et Scott Haining qui délivrent des performances poignantes.
Bloober Team réalise un quasi sans faute avec son remake de Silent Hill 2. L’expérience est très plaisante et convaincante. On vous recommande sans aucune hésitation de vous plonger dans l’aventure, que ce soit pour les joueurs déjà fans ou bien pour les novices. Et puis on attend désormais avec impatience son adaptation sur le grand écran avec le prochain film de Christophe Gans, qui sera l’occasion, une fois encore, de découvrir la ville fantôme dans les salles obscures.
Silent Hill est disponible depuis le 8 octobre 2024 sur PC et PS5.
AVIS
Silent Hill 2 Remake est un très bon survival-horror. Visuellement époustouflant, un gameplay assez unique dans son approche de combat au corps à corps. Le jeu se démarque de beaucoup d’autres par de nombreux aspects. On vous recommande de vivre le cauchemar, sans aucune hésitation.
- Graphismes
- Bande-sonore
- Gameplay
- Scénario
- Durée de vie