Terreur est un procès-fiction immersif et inspiré d’un fait réel qui transforme chaque spectateur en juré.
Terreur est une pièce originale et captivante qui fait de nous bien plus que des spectateurs. En effet, à la fin de la pièce… ou plutôt du procès, chacun de nous devra, en son âme et conscience, voter « coupable » ou « non coupable » afin que la Cour puisse rendre son verdict.
Bienvenue au tribunal !
Si, comme nous, vous avez toujours rêvé d’être tiré au sort pour devenir juré.e d’un procès en Cour d’Assises, voilà une pièce qui pourra presque exaucer votre souhait ! Car ce n’est pas vraiment dans une salle de théâtre que l’on entre, mais plutôt dans un tribunal plus vrai que nature. Et c’est avec une attention toute particulière que nous assistons à ce qui se joue devant nous puisque c’est nous, spectateurs-jurés, qui détermineront l’issue de ce spectacle-procès !
« Avant de commencer, je voudrais vous demander d’oublier tout ce que vous avez lu ou entendu concernant cette affaire. Vous êtes les jurés qui, aujourd’hui devant ce Tribunal, sont appelés à juger l’accusée Laura Koch.«
C’est donc une expérience inédite que l’on vit et qui se révèle captivante. Déjà parce que le procès que nous jugeons est inspiré d’une histoire vraie. On peut donc encore plus facilement se projeter dans la situation. L’accusée, c’est Laura Koch, pilote de chasse, à qui l’on reproche d’avoir pris la décision d’abattre un avion détourné qui allait s’écraser sur un stade un soir de grand match, alors même que l’interdiction lui avait été donnée de le faire. La question que l’on nous pose est donc la suivante : avait-elle le droit de sacrifier 164 passagers pour sauver 70 000 spectateurs ?
Un rôle à ne pas prendre à la légère
Assez rapidement, nous avons cru savoir ce que nous allions voter. Mais évidemment, petit à petit et à mesure que les témoignages, les informations, les points de vue et les plaidoiries s’enchaînent, nos certitudes deviennent poreuses. Et l’on comprend qu’il va falloir faire la part des choses entre ce qui est indiscutablement injuste et condamnable dans cette histoire, et ce dont Laura Koch, et elle seule, est responsable.

Et c’est précisément ce que nous avons adoré ici. Au-delà de l’expérience amusante et prenante dans laquelle le spectacle nous plonge, il nous amène surtout à découvrir le cheminement de pensée et de réflexion absolument nécessaires à la prise d’une telle décision. Il nous oblige à faire preuve de beaucoup d’humilité, d’attention, de discernement. Nous invite à nous remettre en question, à prendre conscience de la part d’émotionnel et des préjugés qui nous influencent aussi. À réfléchir aux limites, s’il en est, du droit et de la morale. C’est une décision qui n’est pas, qui ne peut pas et ne doit pas être simple à prendre.
Terreur : bluffant de réalisme
Ce jeu de rôles nous en apprend finalement beaucoup sur nous si on choisit de le vivre pleinement. Il faut dire que le réalisme du spectacle nous y aide beaucoup ! En effet, l’ambiance est très solennelle dès notre entrée en salle, où nous sommes accueillis par le Président de la Cour. La scénographie de Thierry Grand, quant à elle, nous immerge dans un tribunal, et surtout les comédien.ne.s sont absolument excellents.

Michel Bursti est un Président de la Cour aussi flegmatique qu’on se l’imagine. Céline Martin-Sisteron est une accusée que l’on sent à la fois accablée et pleinement maîtresse de ses émotions. Dans le rôle de son avocat, Bruno Rochett est parfaitement crédible, tant dans son discours que dans ses attitudes corporelles. Surtout face à une Procureur qui le confronte avec une assurance calme, et vient nous troubler dans nos convictions. Très belle présence de Sylvie Rollan dans ce rôle. Frederic Jeanno et Johanne Thibau sont deux témoins qui nous font complètement oublier qu’ils jouent un personnage. Et même Laëtitia Lero, dans le rôle discret de l’huissière de justice, vient accentuer le réalisme troublant de l’ensemble.
« Est-il permit de tuer des innocentes dans un cas extrême ? »
Rien n’est laissé au hasard dans ce spectacle, jusqu’à son affiche et ses visuels, créés par le dessinateur judiciaire Zziigg ! C’est vraiment brillant ! Et ça ne peut qu’être l’un de nos coups de cœur de ce Festival.
Terreur, de Ferdinand von Schirach, mise en scène Michel Burstin, Bruno Rochette, Sylvie Rolland, avec Michel Burstin, Frédéric Jeannot, Laëtitia Leroy, Céline Martin-Sisteron, Bruno Rochette, Sylvie Rolland, Johanne Thibaut se joue du 5 au 26 juillet 2025 au Théâtre des Lucioles.
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Avis
Au-delà de l'immersion théâtrale, Terreur est une véritable expérience sociologique puisqu'un site internet permet de consulter les verdicts rendus à l'issue de chacune des représentations données dans les 27 (et bientôt 28) pays dans lesquels la pièce s'est jouée !