Rare incursion française dans un cinéma de genre, Grave nous affame juste ce qu’il faut pour mieux nous remplir la panse ensuite.
Long-métrage bien en chair. À la manière d’un Get Out, il ne faut pas voir Grave comme un pur film d’horreur, loin s’en faut. Julia Ducournau ne fait qu’emprunter les codes pour traiter de la difficulté de devenir adulte. L’œuvre nous parle d’émancipation, de sexualité, de conventions. À ce titre, Garance Marillier nous bluffe littéralement par son interprétation crescendo, laissant entrevoir toute sa fragilité, même de jeu, avant de nous broyer l’estomac par sa métamorphose. Et là, entre deux morceaux de viande humaine, la jeune novice devint actrice.
De l’art de ménager ses effets. Grave ne cherche pas la surenchère et, au contraire, place son gore au bon moment, dans la continuité de son récit. L’horreur de la scène n’en demeure que plus réelle, limite poétique. La réalisatrice manie les mots avec précaution et maîtrise ses images, comme le prouve son final parfait où, malgré notre dégoût, il faut nous rendre à l’évidence : on s’est régalés !