Jonás Cuarón, fils d’Alfonso, vole désormais de ses propres ailes avec Desierto, survival à la frontière américaine. Ce n’est pas un hasard si le bonhomme a scénarisé Gravity…
Style épuré. On retrouve dans Desierto ce qui faisait le sel de Gravity : une absence de dialogues pour privilégier l’efficacité de l’image. Ici, le décor fait partie intégrante du récit et on assiste à une chasse à l’homme à la sauce western entre le traqueur et sa proie. On est vite mis dans le bain et on n’en ressortira qu’au générique final. Le réalisateur utilise sa sobriété comme une arme pour provoquer toute l’intensité nécessaire. On ne décroche pas une minute.
Légèrement maladroit dans son propos. Si le long-métrage marque par l’exercice de style qu’il propose, il en est de même pour sa vision cruelle du rêve américain. En livrant en sous-texte une critique de la politique d’immigration, Jonás Cuarón s’attaque à un sujet épineux qu’il ne semble pas maîtrisé pleinement. Il n’y a qu’à voir sa tentative bancale d’humaniser son chasseur (impeccable Jeffrey Dean Morgan, décidément très bon quand il s’agit de jouer les ordures).
Avec Desierto, le cinéaste confirme son genre de prédilection, mais paradoxalement se confronte aux limites de celui-ci.