On ne présente plus Johnny Cash, légende de la musique country, qui a conquis la scène musicale américaine aux côtés de sa deuxième femme, June Carter. En revanche, on connait beaucoup moins Vivian Liberto, sa première épouse, qui lui a donné quatre filles avant que la musique et la célébrité aient raison de cet amour de jeunesse. Un destin tragique qui nous est conté par ses filles dans le documentaire Vivian et Johnny, la légende de Nashville.
Destiny Films nous propose un documentaire à la fois tragique et touchant sur la vie de Vivian Liberto, allant de déception en désillusion. Comme toutes les histoires déchirantes, celle-ci commence par une idylle de jeunesse. Dans les années 50, Vivian rencontre Johnny, élève officier qui l’épousera à son retour d’Allemagne, trois ans plus tard. Inséparables, les deux amoureux donnent naissance à quatre filles : Rosanne, Kathy, Cindy et Tara. Une belle histoire d’amour qui dure une dizaine d’années mais se ternit peu à peu au fur et à mesure que Johnny devient célèbre. Les tournées s’enchaînent, se prolongent et l’artiste a de moins en moins de temps pour remplir son rôle de père de famille. Délaissant progressivement son foyer, Johnny ne laisse pas d’autre choix à son épouse que d’élever seule ses filles. Tour à tour délaissée, menacée par les médias, humiliée, Vivian ne se laissera jamais abattre pour autant.
Vivian et Johnny, la légende de Nashville racontée par ses filles
Le « scénario » de ce documentaire demeure tristement prévisible. Au niveau de la forme, pas beaucoup de surprise non plus : les témoignages filmés des quatre filles de Vivian s’enchaînent à l’écran, chacune évoquant des anecdotes sur leur enfance ou sur le caractère de leur mère. Ces récits mettent en lumière la personnalité d’une femme, qui, malgré tout, n’a jamais sombré dans l’alcool, la drogue ou les tendances suicidaires, quand d’autres s’y seraient jeté à corps perdu. Un parcours du combattant présenté dans l’ordre chronologique, un choix traditionnel mais efficace. Les images d’époque succèdent aux lettres d’amour et aux vidéos contemporaines des filles… Une immersion visuelle et sonore réussie dans la vie de Vivian.
Du fait de leur différence d’âge, les filles apportent chacune un éclairage personnel sur Vivian, évoquant toujours une femme aimante et allant de l’avant. Rosanne, l’aînée, dépeint sa mère comme une femme pleine de vie qui s’efforçait toujours de cacher ses peurs et sa profonde tristesse. Ses sœurs la décrivent également comme une mère dévouée et une femme forte et déterminée. Un portrait dressé de façon très convenue, où seules témoignent les filles de Vivian. En effet, pas d’autres intervenants pour changer la subjectivité de départ, ce qui fonctionne assez bien au niveau du propos et du rythme. Comme dans tout documentaire biographique, les personnes interrogées livrent des anecdotes entrecoupées de vidéos de famille inédites.
Des films de famille inédits
Très attachée au caractère privé de sa vie de famille, Vivian n’encourageait pas les médias à la prendre en photo ou à la filmer. En revanche, beaucoup de vidéos ont été tournées par les membres de la famille eux-mêmes pendant l’enfance des filles. On découvre donc, tout au long du film, les images de parents très amoureux jouant avec leurs enfants. Des vidéos touchantes mais qui, finalement, ne montrent pas l’héroïne principale comme la femme forte qu’elle était. Elles correspondent toutefois à l’image globale que l’œuvre renvoie : celle d’une épouse réservée et aimante, souffrant en silence. On nous présente aussi des photos des diverses maisons familiales, des lettres d’amour enflammées des jeunes fiancés… Les souvenirs d’une vie de famille ordinaire, avant que la célébrité brise cet équilibre.
Une histoire tragique… comme tant d’autres
Johnny Cash l’avait dit lui-même à la fin de sa vie: « s’il y a bien quelqu’un qui devrait raconter sa vie, c’est toi Viv« . Le film Walk The Line ne lui rendant absolument pas justice, elle a donc écrit son autobiographie afin de donner sa version de l’histoire. Les témoignages de ses filles confèrent une dimension émotionnelle au récit de sa vie mais les fans de Johnny Cash seront peut-être un peu déçus de ne pas avoir de vision plus précise de la manière dont Vivian aurait pu l’influencer. Celle qui a inspiré la chanson Walk The Line aura aimé Johnny Cash jusqu’à sa mort et cette histoire au tristes airs de déjà-vu aurait peut-être été plus agréable sous la forme d’un film que d’un documentaire.