Pour les 25ans du film culte Requiem for a Dream, BubbelPop sort un coffret collector, qui revisite la recette du film pour nous offrir une version restaurée en Blu-Ray 4K UHD, avec des bonus pleins de gourmang et de croquang.
Le tourbillon de la vie
Daren Aronofsky (The Whale), a réalisé en 2020 Requiem for a Dream, un film qui met d’accord différentes générations sur la richesse et le potentiel émotionnel du cinéma. Le film valait bien un traitement de faveur pour ses 25ans. On y suit 3 saisons dans la vie d’Harry Goldfarb, de sa petite amie Marion, et de son copain Tyrone, tous les trois toxicomanes. La mère d’Harry, Sara, vit à travers la télévision. Lorsqu’elle est invitée à participer à son jeu télévisé favori, elle tente de suivre un régime draconien qui va l’emmener au-delà de tout. Au casting, Jared Leto trouve son premier rôle d’adulte, loin des standards virils de l’époque. Jennifer Connelly égratigne son image inaccessible et lisse. Marlon Wayans ferme son visage pour laisser la place aux rares moments de relâchements. Enfin, Ellen Burstyn nous livre tout son catalogue d’ascenseur émotionnel

Adapté du roman de Hubert Selby Jr, qui a coscénarisé le film (il y fait même un caméo en gardien de prison), le film de Darren Aronofsky parle de l’addiction, sans jugement moralisateur. Mais surtout, il parle du lent chemin vers l’ineffable et terrible destin qu’on devine dès les premiers instants. Malgré les tentatives des personnages de vivre leur rêve, ils ne font que se débattre dans un tourbillon alimenté par eux même, qui les précipite de plus en plus vite vers le néant. Tout le film ne sera que le requiem de leurs rêves déjà morts. Dans cette ambiance tragique et funeste, personne ne meurt vraiment, mais l’expérience nous montre le malheur de survivre à la mort, de la vouloir, et de la craindre tout à la fois.
Un opéra culte
C’est culte, car que ce soit le scénario, la photographie, la mise en scène, le cadrage, le casting, … tout a pour but de nous faire vivre cette descente aux enfers. On sait désormais que le purgatoire est un endroit bleu et froid. La structure du film en spirale va de plus en plus vite, trop vite même, pour nous laisser le souffle court. Les espaces réduits, comme un petit appartement, l’habitacle d’un van, ou enfin une prison, nous enferment doucement avec les personnages qui tombent peu à peu dans l’économie des mots, puis le silence.

En opposition au silence, la musique se fait, elle, plus présente. Devenue culte elle aussi, il est fort probable que vous ayez déjà entendu ce morceau reconnaissable de Clint Mansell sans même avoir vu le film. C’est un requiem d’opéra, au cordes lentes, qui nous berce de ses sonorités électroniques vers un sommeil définitif et sans rêves. Il existe une version du coffret qui propose d’ailleurs le vinyle de la bande originale. C’est le minimum.
Une menu complet pour bien digérer le film
Dans Requiem for a Dream, beaucoup de choses meurent, comme notre joie. On sort du visionnage marqué, et il est recommandé de disposer d’une caisse de chatons à proximité. L’inertie émotionnelle rend difficile l’écriture de cette critique même, mais il faut présenter comme il se doit l’écrin dans lequel on nous sert ce film.
On dispose d’un double coffret avec une version Blu-Ray, qui comporte le film et les bonus, ainsi que d’une version en 4K UHD, et c’est une première en France. Le son est très propre aussi puisqu’on a dans les deux cas une VO en Dolby Atmos, rien de moins, et une VF Dolby True HD 5.1. Si on est bien outillé, on peut vivre un moment techniquement magique. Pour les bonus, on retrouve un traditionnel mais nécessaire making of. En suppléments inédits et exclusifs, deux interviews sont au menu avec Le travail de Darren Aronofsky (Interview de Gérard Delorme) et Requiem, un film choc (Interview de Caroline Vié). Pour compléter, une intervention de l’actrice Ellen Burstyn sur le tournage, et un mini making of de la bande son ont été ajoutés.

En termes de collectibles, le coffret s’accompagne de 4 grandes photos du film, bel hommage au travail de photographie de Matthew Libatique, ainsi que d’un livret de près de 90 pages. Celui-ci comporte un entretien avec le réalisateur par Samuel Blumenfeld, journaliste et critique de cinéma pour Le Monde, et qui revient sur le parcours du réalisateur, et ses différentes productions. On y trouve également une analyse de l’œuvre par Jacques Demange, essayiste et auteur spécialiste de cinéma, pour apporter encore des éclairages et de la profondeur dans des recoins qu’on ne soupçonnait pas. C’est appréciable, car on pourrait en écrire des livres entiers, qu’il resterait toujours quelque chose d’indéfinissable, un petit truc qui gratte tout du long, qui fait que ce film est culte et magnifique. Cette analyse tente de nous en rapprocher, elle est à lire après avoir vu le film donc.

Cette édition en coffret collector est assurément de la bel ouvrage, comme on dit par chez nous. Gourmand et bien pensé, BubbelPop fait honneur au monument du cinéma qu’est Requiem for a Dream, pour prolonger son expérience et nous faire plonger plus profondément dans ses abysses bleus.