Si Shaft est aujourd’hui une des icônes de la blaxploitation, il n’en est pas l’un de ses représentants les plus radicaux. D’ailleurs, on peut présupposer que son aura populaire provient autant de son excellente bande originale que de sa capacité à faire du héros le chantre décontracté de sa propre affirmation raciale.
Car si Shaft n’a aucun problème à envoyer paître le flic blanc et à diriger une troupe de Black Panthers surentrainée, c’est moins parce qu’il applique religieusement son « Luther King pour les Nuls » que parce qu’il est cool par essence, au summum de la nonchalance la plus payante qui soit. Ce que Richard Roundtree fait bien sans problème, aidé par une mise en scène soignée et une atmosphère à l’avenant.
Sauf que toute proposition atypique atteint ses limites lorsqu’elle n’est pas soutenue par une réelle rigueur. Ici, c’est sur un rythme mal tenu que le long-métrage bute, laissant la pseudo intrigue se déliter au rythme du sourire ironique de Shaft. Et si l’effet pourra séduire au sein d’une séance spéciale, il perd en séduction dans la seule subsistance d’une vision solitaire.
Shaft, les nuits rouges de Harlem est sorti le 22 Septembre 1971 dans les salles françaises.