1. Avez-vous découvert le cinéma et l’animation dès votre plus jeune âge ?
Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup les mangas et les films d’animation, comme tous les enfants. Quand j’ai découvert les films de Hayao Miyazaki et de Isao Takahata, j’ai eu l’envie de devenir réalisateur de films d’animation. J’ai compris un peu plus tard que je n’avais pas le talent pour le devenir et j’ai dû réfléchir au nouveau métier que je pourrais exercer dans ce monde-là. Je suis, après mûre réflexion, parti aux Etats-Unis. Dans un environnement étranger, j’ai observé avec un nouveau regard le monde de l’animation japonaise. Je suis devenu assez critique envers un microcosme qui ne fonctionnait pas vraiment et que j’ai eu envie de changer un peu, en faisant des films produits au Japon des succès critiques et des succès commerciaux, qui puissent bénéficier en retour.
2. Avez-vous pu participer à la création du Garçon et La Bête ou êtes-vous resté dans une position qui laisse tout pouvoir au créateur ?
Cela dépend de la définition que l’on donne du producteur. Lorsque Mamoru Hosoda crée un nouveau film, nous avons de longues discussions, au cours desquelles j’agis un peu comme un confident. Hosoda pense d’ailleurs que la seule bonne manière de faire un bon film est de mûrir de bonnes réflexions. Je pense que les créateurs sont des personnes qui évoluent à chaque seconde, qui se posent constamment des questions. Néanmoins, ce trop-plein de réflexions peut parfois les perdre. Dans ces situations-là, je peux les aider à clarifier un blocage.
3. En parcourant la filmographie de Mamoru Hosoda, on décèle des thématiques qui arrivent à une forme d’aboutissement avec Le Garçon et La Bête. L’avez-vous constaté également ?
Je ne sais si je peux vous donner une réponse juste. Je travaille avec Mamoru Hosoda depuis une douzaine d’années. Nous avons eu des expériences de vie similaires et nous en sommes arrivés à des observations similaires, comme le fait que la famille est très importante. D’ailleurs, ses trois films précédents formaient comme une sorte de trilogie autour de ce thème. Tous les moments douloureux comme joyeux se passent de la même manière dans le monde entier. En parler dans ses œuvres lui permet donc d’atteindre une forme d’universalité, qu’on peut partager avec des gens de l’étranger.
Il y a un producteur pour qui j’ai un immense respect : Toshiyo Suzuki. Il est derrière le studio Ghibli et a produit presque tous les films de Myazaki et de Takahata. Pendant près de 35 ans, il a su accompagner la vie de ces deux très grands maitres. Comme leurs films sont très connectés avec leur vie privée, Suzuki a fini par connaître parfaitement les hauts et les bas de ces deux créateurs. Je ne connais aucun autre producteur qui participe autant à la vie de ceux qu’il produit. Quand je suis dans une impasse, je vais lui demander conseil. Il me raconte en échange ses expériences, qui sont similaires aux miennes. Pour Le Garçon et La Bête, ces conseils sont devenus des clés indispensables.