Après deux très bons épisodes emplis de fidélité au matériau de base, The Last of Us version HBO revient ce jour avec ni plus ni moins que son meilleur épisode ! « Long Long Time » dévoile ses cartes sur plus d’1h20, en s’éloignant drastiquement de la trame du jeu vidéo. Attention : SPOILERS !
Après son très bon pilote ainsi qu’un 2e épisode riche en tension, The Last of Us revient avec « Long Long Time », son segment le plus original. Après la mort de Tess (se sacrifiant après avoir été mordue par un Claqueur), Joel et Ellie continuent leur périple hors de Boston. Ce 3e épisode s’ouvre par ailleurs sur un Joel encore une fois affecté par la mort d’un proche, disposant un cairn en mémoire à son acolyte/amie/love-interest décédée, tandis qu’Ellie tente de gratter sous la carapace de ce dernier.
Un segment rapide que les fans du jeu vidéo connaissent bien (mais arrivant normalement bien plus tard dans le jeu, suite à la mort d’un autre personnage). Là encore, Craig Mazin (Chernobyl) et Neil Druckmann font un vrai travail de synthèse et d’adaptation, pour notre plus grand bonheur ! Adaptation qui va ensuite prendre d’innombrables libertés !
En effet, là où The Last of Us ne nous montrait guère ce qu’il se passait lors des trajets entre les lieux pivots de l’intrigue, la série se permet quelques moments de dialogue entre nos deux héros, permettant d’apporter des éléments en terme de lore. Que ce soit devant une carcasse d’avion pour introduire la fascination d’Ellie pour l’espace (élément prépondérant dans The Last of Us Part II), un échange sur le mode de contamination du cordyceps muté via le sucre ou la farine (et donc un lien avec les pancakes/cookies de l’épisode 1, que Joel et Sarah n’ont pas mangé), et bien sûr une séquence de charnier dévoilant le sort réservé au surplus d’individus dans les zones de quarantaine.
Le temps qui passe
Une introduction riche en world building et en développement de la relation entre Joel et Ellie, qui partagent réellement pour la première fois leur expérience. C’est aussi l’occasion de placer un fusil de Chekhov (la borne d’arcade de Mortal Kombat II, que l’on reverra dans l’épisode 7), et un moment de suspension mettant en place une certaine fascination d’Ellie pour la violence (voire même un soupçon d’humanité restant dans l’esprit d’un infecté ?). 15 minutes déjà denses, avant un très long flash-back qui englobera tout l’épisode, résumant une période de 20 ans !
Nous sommes donc le 30 septembre 2003, et découvrons Bill (Nick Offerman), un survivaliste de la bourgade de Lincoln. Ce dernier va vitre en ermite dans un havre de paix considérable, en barricadant son quartier, et en auto-gérant ses ressources alimentaires. Un élément commun au Bill du jeu vidéo, que l’on rencontrait néanmoins avec Joel et Ellie dans un contexte beaucoup plus désespéré (avec un individu parfois proche de la folie qui dormait dans un église).
Ce long-flashback (et donc l’épisode entier) va ensuite se focaliser sur sa relation avec Frank (Murray Bartlett). La série nous dévoile donc cette rencontre fortuite 4 ans après l’Outbreak Day, avec la méfiance initiale de Bill, puis leur rapprochement intime (cristallisé par le piano de la mère de Bill, dont sait se servir Frank). Un période en apparence idyllique suit, avant un bond temporel de 3 ans en 2010 où ils rencontrent Joel et Tess pour la première (le début de leur collaboration en tant que contrebandiers).
Histoire d’amour et de mort
Nous retrouvons ainsi Bill et Frank tel un couple aux avis de plus en plus divergents sur la manière de gérer leur autarcie : tandis que le premier souhaite rester prudent et isolé, le second aspire à plus et à laisser entrer d’autres personnes dans leur forteresse. Un postulat pas si éloigné du jeu vidéo là encore : pour rappel, le 1er opus ne nous montrait rien de cette relation, nous la devinions seulement lorsque nous croisions le cadavre pendu de Frank (ce dernier ayant préféré quitter Bill plutôt que de rester).
Ainsi, la série nous dévoile l’envers du décor, mais modifie profondément cette histoire sans toutefois négliger son aspect tragique : quelques années après avoir repoussé des groupes hostiles, Frank est malheureusement frappé d’une maladie neuro-dégénérative l’empêchant de se mouvoir et d’être autonome. S’ensuit donc de déchirants adieux, alors que Bill préfère se suicider avec Frank (sur le magnifique morceau Vanishing Grace), afin de ne pas perdre sa raison de vivre (on se croirait en plein The Leftovers). De quoi faire un épisode totalement original et brillamment interprété par le duo Offerman/Bartlett, mais toujours en adéquation avec les thématiques de The Last of Us : ce que devrait être toute adaptation donc !
La dernière séquence nous ramène donc du point de vue de Joel (ayant cette fois trouvé un véhicule) et Ellie (désormais détentrice d’un pistolet ; une différence notable quand on sait que c’est Joel qui lui confie sa première arme à feu normalement). La suite du périple se poursuivra donc avec un arc bien attendu des fans du jeu vidéo, où cette fois le danger ne sera pas simplement représenté par les infectés…