Tout le talent de Nora Philippe, réalisatrice de ce Pôle Emploi, réside dans la mise en valeur de la pente chiffrée prise par un organisme originellement prompt à la considération humaine. Autrement dit, l’apparition d’un fonctionnement identique à l’économie de marché privée pas éloigné d’un échiquier politique qui s’en enorgueillit.
Une absurdité que la réalisatrice rend palpable en filmant, nu d’un quelconque commentaire, le versant humain de l’agence de Livry-Gargan et son équipe. Ceux-ci affrontent toute la journée des détresses humaines de tous bords (déchirant stage à l’étranger brisé) et surtout une bureaucratie invisible qui « souhaite faire du chiffre », là où les espoirs inquiets sont à la recherche de davantage de temps d’écoute.
En résulte l’impression d’un serpent qui se mord la queue et qui s’enfonce toujours un peu plus vers une réalité tristement médiatisée, dont tout le monde peut grâce à ce franc geste civique se souvenir de sa face cachée la plus humaine. Car n’oublions pas qu’il subsiste dans ces agences des travailleurs eux aussi perdus, dont les fous rires intimes empêchent de céder au désespoir qui leur tend les bras.
Pôle Emploi, ne quittez pas ! sort le 19 Novembre en salles.