On pouvait légitimement attendre autre chose qu’un biopic traditionnel de la part de Mike Leigh, cinéaste anglais dont la filmographie exigeante reste encore trop méconnue en dehors du cercle cinéphilique. À cela s’ajoute donc un Mr Turner teintant les dernières années du peintre William d’une grave âpreté narrative.
Jamais explicite dans sa manière de convoquer l’aspect historiographique de son « biopic », Leigh s’intéresse avant tout aux mystères de l’homme et de l’entourage éminemment éclairé qui l’a connu. En résulte une froide plongée sur un personnage insaisissable, peintre génialement prolifique mais intimement effacé. Jamais introspectif, le récit évoque les faits et préfère laisser le spectateur dans l’expectative d’une dramaturgie qui fuit les facilités et conserve une courageuse rudesse.
D’une subtilité artistique absolument somptueuse, le long-métrage trouve sa bonne tonalité par le seul grincheux langage inventé par Timothy Spall. Celui-ci s’y montre peu loquace mais conduit l’audience par le seul truchement de sa voix intérieure, prouesse digne de toutes les louanges. Toutefois, cette singulière austérité conduit à de multiples longueurs et à une froideur qui pourra rebuter de nombreux spectateurs.
Mr. Turner sort le 15 Avril 2015 en Blu-Ray et DVD.
Un commentaire
Je partage assez votre avis, mais justement pour les « défauts » évoqués ici, je ne dirais pas moi-même que c’est un incontournable. C’est une belle adaptation, on y « croit ». Notamment grâce à la performance de Timothy Spall qui donne vraiment corps à ce personnage atypique. De belles images, une belle photographie. Mais j’ai été surprise et déçue de ne pas en voir plus sur la peinture elle-même, sur l’inspiration du peintre ! Et le film peine effectivement à retenir l’attention sur 2h30, je dois dire que j’ai tout de même senti le temps passer, ce qui n’est pas bon signe…