« Cette cité est une sorte de révélateur, au sens que ce terme a en chimie, de tout ce qui dysfonctionne dans notre pays. »
Dans La muette, Alexandre Lacroix croise les narrations de deux personnes qui ont vécu dans cette même cité lourde d’Histoire, mais à des époques différentes. Si les deux récits sont intéressants et nous immergent dans ce lieu, ils ne parviennent pourtant pas à se faire écho.
Une cité, deux destins. D’un côté : Elsa et le camp de Drancy en 1943. De l’autre : Nour, jeune beur, dans ce qui n’est plus qu’une cité remplie de logements sociaux. L’auteur donne tour à tour la parole à ces deux personnages qui ont pour seul lien le lieu dans lequel ils vivent ou ont vécu. On aurait attendu, aimé que ces aventures s’entremêlent ; que les voix des deux protagonistes finissent par s’élever à l’unisson. Mais le lien ne se fait pas.
Un récit qui manque de profondeur. On a du mal à être happé par ces histoires et à entendre l’écho qu’est censée créer la mise en parallèle de leurs récits. L’écriture est assez journalistique, presque froide. Elle manque de vie, d’âme, et l’émotion attendue n’est pas au rendez-vous. La voix de Nour est retranscrite dans un style teinté d’incohérences, et on peine à s’éloigner des clichés. On entend pourtant bien que La Muette a des choses à nous dire. Dommage que ce livre ne soit qu’un murmure…