Tout commençait si bien : une introduction « luchiniesque » simple mais directe, la photographie chaleureuse de Beaucarne et une possible relecture décalée de Madame Bovary. Puis, dans un acte de sabotage progressif, voilà Gemma Bovery s’étiolant avec une indifférence stupéfiante, transformant cette chronique aux tonalités multiples en un récit involontairement hilarant.
Il y a d’abord la malencontreuse caractérisation des personnages, croqués à leur surface apparente, comme ce boulanger féru de Bovery « parce que Luchini a Flaubert dans le sang », sans que sa perversion soit autre chose qu’un clin d’œil complice. Ou une Gemma Arterton au charme délicieux dont on peine à ressentir le sous-jacent à ses multiples succombassions. Le tout enrobé de dialogues parfois aux fraises, comme ces exclamations solitaires d’un Luchini peu à son aise.
Et puis il y a ce récit divaguant sous les caprices d’un concept où Bovery doit échapper à Bovary. Ce qui amusera sans doute une poignée d’intellectuels, pourtant eux-mêmes moqués avec une complaisance grotesque (Zylberstein et son insupportable caricature). Et quand le final finit de rendre le projet absurde avec un tel sérieux, on se demande si cette Gemma Bovery n’est finalement pas qu’une bonne grosse blague.
Gemma Bovery sort le 10 Septembre 2014 en salles.