Voir L’Exorciste dans une église ? pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? On a fait le test !
Une projection unique au monde, celle de L’Exorciste, le film d’horreur culte de William Friedkin…dans une église protestante à Strasbourg. Une expérience immersive totale organisée dans le cadre de la 11e édition Le Festival Européen du Film Fantasque de Strasbourg. « Ta mère suce des bites en Enfer » prend une résonance particulière au sein d’un lieu sacré.
Installé sur des bancs (un peu moins confortables que les sièges de cinéma) du temple protestant de Saint Guillaume, la messe de 23h prend une autre saveur. Pas de chants en latin, pas de programme, pas de « Je vous salue Marie »… en cette soirée du 20 septembre, ce sont les grands cinéphiles (organisateur du FEFFS et le critique cinéma Michel Cieutat (de la revue Positif)) qui prêchent les sermons. Les spectateurs – des étudiants, des passionnés, des curieux – quant à eux, communient dans un silence de messe. On se recueille dans le blasphème.
L’Exorciste en 2018, ça vaut quoi ?
On ne présente plus L’Exorciste de Friedkin. Depuis 1974, son titre représente LE film d’horreur qui a traumatisé toute une génération de parents et d’adolescents. Véritable icône de la pop-culture, film chouchou de Gomez Addams et surtout de Beetlejuice qui l’a vu 2747 fois (mais jamais dans une église ! ce mec n’a décidément que de la gueule !), qu’en est-il de sa portée en 2018 ? Déjà, saluons l’excellente prestation des acteurs, du charismatique Max von Sydow à Jason Miller en passant par les interprètes de Chris (Ellen Burstyn) et Reagan McNeil (Linda Blair). Des prestations organiques tout en subtilité que l’on peine à retrouver dans les films d’horreur actuels.
Plus que les scènes de dégueulis, de mutilation ou de la figure de gymnaste dites du « pont » dans les escaliers (qui font assez grotesques), le langage châtié de la jeune Reagan McNeil, possédée par le Diable, suscite le malaise. Les poses acrobatiques de l’adolescente, ses bruits de gorge et la scène du dîner mondain sont tellement grand-guignolesques que l’on rit à gorge déployée dans la nef, la main plongée dans notre paquet d’hosties saveur sang du Christ. Cependant, les spectateurs ont peu réagi aux répliques les plus crues. Peut-être par respect pour l’Église Saint Guillaume (actuellement en restauration), qui a déployé les moyens de nous accueillir dans de bonnes conditions.