Des hauts et des bas est une comédie à l’anglaise qui va réunir quatre solitudes sur un toit autour d’une pizza.
C’est une adaptation du roman de l’écrivain britannique Nick Hornby, « A long way down » que nous propose ici Christophe Corsand, dont nous suivons le travail d’auteur (Le titre est provisoire) et celui de comédien, aussi bien dans des comédies (Un cadeau particulier, de Didier Caron) que dans des rôles bouleversants (Les ardents, d’Hamideh Doustdar). La jolie histoire de 4 êtres au bord du vide qui vont, grâce à leur rencontre hasardeuse, retrouver goût en l’avenir.
Toit, toit mon toit
31 décembre. 23h30. Marc est seul sur le rebord du toit de l’immeuble le plus haut de la ville. Il n’est pas là pour admirer le paysage mais pour fuir le scandale qui le frappe. Célèbre présentateur télé, il est au cœur d’une affaire de mœurs. Il n’a alors plus qu’une seule envie : en finir. Quand soudain : « Je voulais simplement vous demander si vous en aviez encore pour longtemps ? » La femme qui vient d’arriver à son tour a précisément la même intention !

Marc n’avais pas prévu ça, et encore moins l’arrivée peu de temps après d’une jeune femme désespérée, puis d’un livreur de pizzas qui ne passait par là ni par hasard, ni pour une livraison… Chacun de ces personnages s’était rendu sur ce toit pour en finir avec sa solitude. Mais à présent qu’ils sont quatre, et qu’aucun ne veut laisser les autres commettre ce geste, les choses risquent bien de ne plus jamais être les mêmes.
Une jolie galerie de personnages
Ces quatre là n’ont absolument rien en commun à première vue, et ne se seraient probablement jamais intéressés les uns aux autres dans un autre contexte. Et pourtant, c’est bien cette rencontre qui va venir redonner du sens à leur existence. Car c’est le même désespoir qu’ils partagent, et qui les ramènent à leur humanité. Très vite, on oublie ce qu’ils font ou représentent aux yeux de la société, pour se concentrer sur ce qu’ils sont et a pu les amener jusqu’à ce toit. Toit sur lequel on a d’ailleurs vraiment l’impression d’être pendant 1h20 grâce à un décor minimaliste mais efficace.

Pour qu’une comédie de ce genre fonctionne, il faut des personnages forts qui provoquent des émotions. Car c’est sur eux, leurs histoires personnelles, leurs failles intimes et leur capacité à se rencontrer vraiment et à nourrir des interactions de qualité que reposera tout le ressort comique (et dramatique d’ailleurs) de la pièce. En effet, la situation en elle-même évolue peu et ne ménage pas beaucoup de suspense : on devine dès le début ce qui se passera… ou ne se passera pas.
Des hauts et des bas : une jolie fable
Et ici, on peut dire que ça fonctionne. Christophe Corsand est un Marc antipathique qui n’a aucun problème à assumer que la bonté, ce n’est pas son truc. Manon Nobili est une Maya écorchée vive et impulsive, qui dit ce qu’elle pense sans mâcher ses mots. Denis Lefrançois, que nous avions découvert dans Believers en 2023, est un vendeur de pizzas au mal-être plus discret mais non moins profond.
La formidable Sylvy Ferrus, enfin, est une Solange d’une grande sensibilité et d’une profonde humanité, qui semble sortie tout droit du Père-Noël est une ordure ! Son personnage est celui que nous avons préféré, à la fois très drôle sans le faire exprès, émouvante aussi, interprétée avec subtilité, et sans aucun doute la plus empathique de tout ce petit monde. On passe un moment sans trop de surprises mais avec le sourire aux lèvres en compagnie de ces âmes meurtries qui, ensemble, se reconnecteront peu à peu à leur humanité. Et à l’humanité tout court.
Des hauts et des bas, de Nick Hornby, adaptation Christophe Corsand, mise en scène Christophe Corsand et Adeline Messiaen, avec Christophe Corsand en alternance avec Olivier Doran, Sylvy Ferrus, Denis Lefrançois & Manon Nobili se joue du 5 au 26 juillet 2025 au Théâtre Barretta.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d’Avignon 2025 ici.

Avis
Le thème de base est celui de la dépression et du suicide, mais c'est pourtant un moment tout en légèreté et plein d'optimisme que nous passons sur le toit de cet immeuble. Car c'est avant tout d'humanité qu'elle nous parle, et de ce qui nous rend finalement si semblables.
2 commentaires
Mon coup de coeur…
DEUX RIEN à la Scierie 11h20
Je suis allé le revoir deux fois..
emporté à chaque fois par mon émotion
Merci de votre partage, Pierre ! En effet, nous avons vu ce joli spectacle lors de l’édition 2019 du festival. Vous pouvez d’ailleurs retrouver notre chronique sur le site 🙂