Mignonnes, c’est le film qui a scandalisé les Etats-Unis mais particulièrement plu à Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture.
Mignonnes dresse le portrait d’Amy, une jeune fille tentant de s’extirper du carcan familial par le biais de danses sensuelles aux côtés de ses copines.
Ce sont bien les danses suggestives qui ont provoqué les critiques virulentes à l’encontre du long-métrage de Maïmouna Doucouré. Le film a notamment été accusé d’encourager l’hypersexualisation alors que la réalisatrice cherchait l’effet inverse. Et pour cause, le message initial n’est pas toujours très clair.
Bien sûr, n’importe qui sera effaré de voir des jeunes filles de 11 ans, livrées à elles-mêmes, s’adonner à des danses visiblement pas de leur âge, mais le sujet n’est peut-être pas tant de révéler ce comportement que le contexte qui induit ce type de comportement. Ainsi, les danses sensuelles constituent plutôt un appel au secours pour Amy qui cherche une échappatoire à sa vie familiale dramatique.
Car le problème majeur reste bien le mariage du père à une seconde femme (en plus de la sienne). Mignonnes dénonce la condition des femmes au sein de cette famille à travers la polygamie imposée par le père et soutenue par tous les autres membres de la famille. De fait, lorsque la jeune fille parait déboussolée, l’objectif d’un concours avec son groupe de danseuses semble être le seul moyen de s’affirmer en tant qu’individu et se libérer d’une vie dont elle ne veut pas. Les danses suggestives apparaissent alors nécessaires pour l’héroïne principale.
Opportunité manquée
Il ne suffit pas de s’engager sur des sujets forts pour créer une histoire. A force de vouloir faire passer des messages, les scénaristes en perdent visiblement leur scénario. Dès le début, Maïmouna Doucouré nous montre l’impuissance d’Amy et de sa maman dans le changement de vie décidé par le père de famille. Assez fataliste dans le récit dont elle est co-scénariste, la réalisatrice propose un simple enchainement de scènes malaisantes et répétitives sans jamais tenter une confrontation avec le principal concerné. Si une telle (non)démarche est compréhensible et permet avec un certain effroi d’illustrer l’inévitable, un court-métrage aurait été plus judicieux car le film, en dépit de sa courte durée, parait interminable.
En se contentant de retranscrire un petit bout de vie d’Amy, Mignonnes déçoit. La bande annonce trompeuse, qui laissait entendre un film rythmé, réfléchi et bien construit, ne sert qu’à souligner l’opportunité manquée que constitue ce long-métrage.
A défaut d’égaler ses promesses, le film peut néanmoins compter sur ses jeunes talents pour porter les spectateurs au bout des 1h35. C’est grâce à son casting incroyable que la réalisatrice capte sans filtre et avec beaucoup de justesse les dérives de l’adolescente. Malheureusement, cela ne nous épate pas suffisamment pour que l’on s’en satisfasse.