Woman and Child est le nouveau film en Compétition à Cannes de Saeed Roustaee. Après La Loi de Téhéran et Leïla et ses frères, le cinéaste iranien revient dans un film aussi intime que contestataire, malgré une rigueur d’écriture moindre.
Saeed Roustaee est de retour avec Woman and Child ! Un des plus importants cinéastes iraniens revient ainsi en Compétition du Festival de Cannes, déjà 3 ans après les remarquables La Loi de Téhéran et Leïla et ses frères. Tout comme un Jafar Panahi ou un Mohammad Rasoulof, Roustaee fait partie de ces réalisateurs dont le cinéma porte une charge politique irréfutable de par le tumulte idéologique qui embrase l’Iran.
Famille contaminée par le mâle
Et après son dernier film, Woman and Child dissèque à nouveau l’unité familiale, de manière plus désenchantée. L’intrigue, comme son nom l’indique, nous présente Mahnaz, une infirmière de 45 ans et mère du jeune Aliyar. Enfant brillant mais turbulent (n’hésitant pas à fuguer la classe pour commettre divers larcins comme du pari ou sceller le cadenas du collège), ce dernier va néanmoins connaître un accident qui va bouleverser la cohésion du foyer.
Dès lors, Mahnaz va s’engager dans une quête de justice face aux responsables, tout en devant gérer sa rupture avec Hamid (Payman Maadi, grand habitué des films de Roustaee) qui décide de se marier avec sa sœur. Sur le papier, Woman and Child pourrait avoir un traitement de telenovela, mais ce récit en 2 temps est avant tout un dispositif pointant du doigt une société patriarcale.

Un patriarcat avant tout insidieux derrière les beaux sourires (comme le précise la mère de Mahnaz « tu es resté 2 ans avec lui et tu n’as pas remarqué que c’était un pervers ? »). La mise en scène de Roustaee se révèle d’ailleurs toujours aussi travaillée, usant de plans longs usant de chaque champ et se déplaçant en leur sein.
Woman and Child : unité de base
Une clarté qui n’est jamais dans la surcompensation heureusement, même si on regrettera au contraire une écriture moins rigoureuse qu’auparavant de la part de Saeed Roustaee. Moins mordante et plus linéaire dans son déroulé, tout en étant complètement démonstrative de son propos féministe. Un propos qui a au moins le mérite d’être central dans sa seconde partie (toute la première heure prend son temps à introduire les enjeux).
Chiche en rapport complexe dans son intrigue, Woman and Child peut en revanche compter sur son casting (tous d’une réelle justesse), en particulier Parinaz Izadyar en femme forte se délitant peu à peu face à inéluctabilité et l’impuissance liée à sa condition. La femme est réduite à subir même en ayant tout perdu : un propos simple pour du Roustaee, mais brillamment incarné dans les ultimes séquences du film.
Woman and Child ne loupe ainsi pas le coche, ne perdant jamais de vue sa ligne directrice claire avec une velléité contestataire indéniable (cette scène de réanimation en miroir). Malgré sa réalisation brillante à intervalles réguliers (ce plan sur les portes se refermant sur les personnages féminins tels des barreaux de prison), ce nouveau Roustaee est un petit retour qui méritait sans doute d’être plus incisif pour mieux assoir sa charge politique.
Woman and Child sortira au cinéma en 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
Saeed Roustaee n'a rien perdu de ses capacités de cinéaste pour filmer l'intime dans le plus technique des écrins. Cependant, Woman and Child accuse d'une écriture plutôt balisée l'empêchant d'atteindre les cimes émotionnelles qu'il aurait pu atteindre. Reste un solide pamphlet féministe impeccablement interprété !