Wicked : Partie 2 permet de conclure les intrigues de Wicked un an après sa sortie, et faire évoluer les personnages. For Good!
Dans ce Wicked : Partie 2, suite du premier volet sorti en 2024, l’école est finie pour les personnages de la saga. Ils ont chacun et chacune pris des responsabilités au pays d’Oz. Les briques du récit du Magicien d’Oz se placent aussi, avec la route de briques jaunes dès la première scène. Elphaba (Cynthia Erivo) s’est enfui et mène son combat contre la désinformation du magicien (Jeff Goldblum), Glinda (Ariana Grane-Butera) est devenue « l’homme de paille » de Madame Morrible (Michelle Yeoh), et l’outil de bonne propagande du palais d’émeraude. Toutes les mécaniques de la dictature sont utilisées, de la propagande populiste à la déshumanisation d’un ennemi commun, en lui retirant son nom. Et ainsi, nait la vilaine sorcière de l’ouest.
Miroir, mon beau miroir

Le destin des autres personnages est introduit ensuite tour à tour. Boq (Ethan Slater) et Fiyero (Jonathan Bailey) vont lier leur destin au pays d’Oz de façon surprenante, et devenir des figures centrales. Tous les personnages pourront reprendre les airs connus du premier film, en changeant quelques paroles pour coller à la situation. Habile façon de rafraichir les mémoires un an après tout en assurant la continuité. C’est carré comme on dit. Car la symétrie est le mot qui caractérise tout le film, et va au-delà des deux personnages principaux, Glinda et Elphaba (qui vont beaucoup se regarder dans un miroir, littéralement). Par exemple, les anciennes chansons vont parfois changer d’interprète pour marquer une bascule morale. Parfois c’est un parallèle avec le premier film.
Un, d’Oz, mais pas tres
Enfin, il y a même des effets miroirs avec le film Le magicien d’Oz, puisque Wicked : Partie 2 se déroule en même temps que cette histoire. On pourra ainsi apercevoir Dorothy Gale, Toto, et les 3 compagnons qui recherchent leur courage, leur cœur et leur esprit. Le personnage d’Elphaba a même droit à une chanson exclusive par Stephen Schwartz (auteur des musiques dans la comédie musicale), There’s no place like home, en référence à la dernière phrase de Dorothy dans le film de 1946. Si la saga est pensée pour qu’on puisse voir les 3 films ensemble, ce n’est pas une trilogie pour autant.

Cette symétrie fait apparaitre le plus gros défaut de ce film : son rythme. Wicked : Partie 2 est plus une conclusion qu’une suite, et va très vite dans sa temporalité. Les ellipses ne sont pas montrées, elles sont justes indiquées par le texte d’une chanson, et on se retrouve souvent à ne pas comprendre les enchainements. Dorothy arrive au palais du magicien alors que sa maison vient tout juste de s’écraser sur la méchante sorcière de l’Est. Elphaba laisse Fiyero dans une scène, mais il faut attendre la chanson suivante pour comprendre que la scène précédente a eut lieu il y a plusieurs semaines. Ou mois. Ce n’est pas très clair.

C’est dommage, il ne manque que quelques éléments de narration pour que ce soit fluide. Wicked : Partie 2 raconte le tiers restant de l’histoire et peine ainsi à faire ses 2h17 (contre 2h40 pour Wicked), en se remplissant d’airs et de chansons remaniées. Ce découpage est certes identique à celui de la comédie musicale, mais là où un simple entracte ne posait pas de problème de rythme, dans une adaptation au cinéma, ça déséquilibre l’ensemble. Et la réutilisation des thèmes peut même passer pour de la flemme.
Saga, cité d’émeraude
Wicked : Partie 2 a cependant beaucoup à raconter. Après les histoires originelles de Glinda et Elphaba qui vont se poursuivre, le film nous donne les origines des compagnons de Dorothy. C’est avec une grande habileté qu’on retrace les parcours du lion peureux, ou qu’on explique pourquoi l’homme de fer blanc a tant besoin d’un cœur. Quant à l’épouvantail, disons sans spoilers que ses origines expliqueront son destin jusque dans Le merveilleux pays d’Oz, paru en 1904. De nouvelle chansons, dont deux exclusives au film, vont marquer les esprits. Elles reprennent celles de la comédie musicale, mais les interprétations d’Ariana Grande-Butera et de Cynthia Erivo en Dolby nous donnent aisément des frissons. Thank Goodness et For Good sont déjà des classiques (pour peut-être enfin remplacer Golden un peu partout).
Wicked: Parité 2
L’esthétique colorée et glamour du film sont vraiment spécifique à la saga, et les sorcières d’Halloween peuvent désormais se parer de vert et rose. C’est un modèle de diversité et d’inclusivité, qu’on parle des personnages, des costumes ou du casting principal (Jeff Goldblum et Ethan Slater sont les seuls hommes blancs cis het), Mais le point fort de Wicked : Partie 2 est la complexité des personnages et de leurs relations. On joue avec la notion du bien et du mal, pour coller à l’intrigue de désinformation et campagne de diabolisation d’Elphaba.

Les « gentils » font des choses horribles, par amour ou par désespoir, et les antagonistes ne sont pas forcément ceux que l’on croit. De plus, leur boussole morale change à mesure du récit. La qualité du casting est toujours là, et l’alchimie entre les acteurs et actrices (bien mise en avant lors des évènements promotionnels) y est pour beaucoup. Pour parfaire le tout, c’est un film aimé et bichonné par toutes les personnes figurant au générique, et cet amour se ressent à travers l’écran.
De la magie dans l’air
Le plus beau tour de main c’est la richesse de l’amitié profonde entre Elphaba et Glinda, raconté avec toutes les nuances possibles. Elles passent par la haine, la jalousie, la défiance, puis l’amour. Mais dans leurs passions, elles parviennent à toujours être là l’une pour l’autre, dans une grande fluidité narrative. Jamais la relation entre deux femmes n’avait été si explorée. Et il fallait bien deux films pour ça. Cet amour réciproque va jusqu’à prendre des airs romantiques lorsque, dans les scènes finales, Elphaba enferme littéralement Glinda dans un placard avec les mots qui vont bien. Leur relation n’est pas sexualisée (et c’est appréciable), mais la romance est là à dessein. Ce n’est vraiment pas simple à adresser, et l’exercice est largement maitrisé.

Si Defying Gravity, le final de Wicked, est considéré comme un hymne par les personnes marginalisées, le final For Good est encore plus spécifique dans ses paroles. Si on veut n’y voir que de l’amitié, après tout, la symétrie du film fait en sorte que ça fonctionne aussi. Mais en sortant de la salle (en larmes), on comprend que ce n’était pas juste de celà dont il était question. Wicked : Partie 2 c’est bien plus, et plus encore.
Wicked : Partie 2, le 19 novembre au cinéma
Avis
Wicked : Partie 2 est un pont entre Wicked et Le magicien d’Oz car il continue une histoire et pose les briques (jaunes) d’une autre. Moins bien rythmé que Wicked, on peut cependant ressentir l’amour que toute la prod a mise dedans. Un film qui fait du bien

