Ce n’est pas la première fois qu’il est possible de découvrir au Théâtre du Châtelet la comédie musicale West Side Story. Le metteur en scène Lonny Price et le chorégraphe Julio Monge sont les cinquième à présenter une adaptation de cette œuvre mythique depuis 1981. Et c’est avec brio qu’ils réussissent, créant un spectacle où les partitions traditionnelles rejoignent un regard novateur plein d’entrain.
West Side Story n’est pas une comédie musicale comme une autre, mais un véritable mythe. Créée à Broadway le 26 septembre 1957 par Jerome Robbins (chorégraphie et mise en scène), Leonard Bernstein (musique), Arthur Laurents (livret) et Stephen Sondheim (paroles), elle est aujourd’hui connue et reconnue de par le monde, traversant les décennies sans aucune appréhension. Pour Lonny Price, elle représente “l’une des plus grandes œuvres jamais présentées sur scène”. Un spectacle porté par une dimension universelle importante, tant les thèmes abordés traversent les époques.
Une ouverture qui annonce la suite…
Tout commence dans les rues de New York… Le bruit des voitures, du tramway, nous plonge immédiatement dans la vie bruyante d’une grande ville. Et puis, sur un pan de mur immense est projeté “Welcome to New York” en lettres majuscules, aux côtés de la Statue de la Liberté. La musique débute, les cuivres résonnent et les danseurs entrent sur scène. D’un côté les Sharks, de l’autre les Jets, deux gangs rivaux prêts à tout pour défendre leur liberté respective et leur maigre territoire. Plus aucun doute possible, nous voilà immergé dans le décor de la pièce, en plein cœur du quartier du « West Side » de Manhattan, où tout se jouera.
Dès la scène d’ouverture, la lutte des gangs opère. Dans un mélange de danse et de combat, les Jets se battent contre les Sharks. Les coups rejoignent les jeux de jambes, les sauts, dans un ballet de corps énergiques et vivants. La multiplication des traversées accroît le rythme, la lumière accentue la surprise des apparitions, et la violence explose au devant de la scène – à s’en fier à l’oreille d’un Jets coupée au couteau. Les présentations sont faites et ne s’annoncent pas commodes.
Un mélange des arts imparable
“La combinaison du livret, de la musique, des paroles et de la danse en fait l’un des spectacles les plus aboutis jamais créés.” Tels sont les mots de Lonny Price à propos de West Side Story. Et comme une suite logique, sa mise en scène reprend tous ces éléments. On accède ainsi à une comédie musicale au rythme soutenu, où la partition musicale se mêle avec ingénuité à la chorégraphie de Julio Monge. Ce dernier reprend les pas de Jerome Robbins – dont il a été l’un des élèves – transmettant aux danseurs toute la fougue et l’énergie des chorégraphies. La musique de Leonard Bernstein retentit depuis la fosse où Grant Sturiale dirige l’orchestre.
Le décor conçu par Anna Louizos, bien qu’assez classique, fonctionne à merveille et les pans de murs, les bâtiments qui pivotent confèrent à la pièce une multitude de lieux : bar, magasin, ruelles, terrain vague, appartements, balcon. On jongle entre les espaces, permettant une succession fluide des scènes. Au décor se joint la création lumière de Fabrice Kebour qui sculpte les atmosphères. On accède ainsi à des scènes de jour ou de nuit, des ambiances plus intimistes et d’autres folkloriques. Et puis, il y a les somptueux costumes d’Alejo Vietti : des costards aux robes colorées, tout est là pour émerveiller et servir le jeu des danseurs.
Des artistes aux talents multiples
Impossible de parler de West Side Story sans mentionner les artistes, à la fois danseurs, chanteurs et interprètes. Ils se prêtent à des rôles polyvalents où leurs talents respectifs éclatent irrémédiablement. Tout semble parfait tant ils manient les arts à la perfection. On ne se lasse pas de les voir sur le plateau et on voudrait que ça dure, encore et toujours.
Tous ensemble, ils forment une troupe pleine de cohésion. Certains se distinguent tout de même dans leur prestation, tel que Jadon Webster dont la voix douce et lyrique confère au personnage de Tony une grande profondeur et justesse. Quant à Melanie Sierra, elle livre une Maria pleine de charme, qui lutte jusqu’au bout pour faire entendre sa voix. Les scènes en duo avec Jadon Webster sont à couper le souffle par leur beauté. Et il ne faudrait pas oublier Kyra Sorce dans le rôle d’Anita, ou encore Taylor Harley dans celui de Riff.
Une explosion de scène mythiques
C’est avec virtuosité que les scènes et les chansons mythiques de West Side Story sont reprises. On retrouve ainsi sur un même plateau toute l’ingéniosité de la scène de bal magnifiquement réalisée dans l’adaptation cinématographique de 1961. Mais cette fois-ci, aucune coupe, aucun montage, la battle entre les danseurs se fait en temps réel. Les couleurs des costumes se mélangent, les différents types de danse se confrontent. La splendeur de l’instant est ainsi totale, un plaisir pour les yeux et les oreilles.
Le West Side Story de Lonny Price et Julio Monge brille sur le plateau du Châtelet. Une comédie musicale de haut vol qui nous fait redécouvrir ce classique du genre.
West Side Story se produit du 20 octobre au 31 décembre 2023 au Théâtre du Châtelet. Pour plus d’informations
Avis
L'adaptation de West Side Story par Lonny Price et Julio Monge présentée au Théâtre du Châtelet est à couper le souffle. Elle permet de redécouvrir sur la scène une œuvre mythique de la comédie musicale. Un spectacle complet porté par des artistes aux talents multiples qui ne cessent de surprendre par leurs capacités. A absolument découvrir !