À l’instar de son voisin sud-coréen, la Chine aime les thrillers et plus ils sont poisseux et noirs, mieux c’est. Avec son histoire d’apprenti détective qui se retrouve sur les traces d’un serial killer, Une pluie sans fin fait terriblement penser à Memories of Murder de Bong Joon-Ho. Sans en avoir la grandeur, ce premier film, vainqueur du Grand Prix au Festival Policier de Beaune 2018, révèle un cinéaste à suivre, Dong Yue.
Filmer les bouleversements de la Chine contemporaine. Depuis les années 90, le pays connaît des bouleversements économiques stratosphériques, le cinéaste souhaite en parler à travers le cinéma de genre et combine astucieusement le thriller avec le film de société. Le récit s’attarde sur le contexte d’une usine de province, ce qui en fait un terrain de jeu propice pour créer une belle ambiance noire tout en réfléchissant aux mutations du pays.
Une réalisation maîtrisée. La mise en scène léchée et le scénario bien ficelé tiennent le spectateur en haleine jusqu’à une révélation finale assez originale. Parfois le rythme retombe un peu et l’envie de Dong Yue de faire un premier film contrôlé se fait ressentir – on voudrait plus de panache ! – néanmoins on ne boude pas notre plaisir devant ce film qui ne manque pas de charme.
Un commentaire
Avant d’être un thriller ou un policier, c’est l’histoire d’un psychotique qui vit et interprète ces crime à travers le prisme de son cerveau pertubé par ses troubles psychiques. Son rôle dans l’enquête, l’importance qu’il se donne (Maestro, remise des prix de meilleur ouvrier, il a un don..) montre assez que c’est lui qui se place au centre du jeu et non l’affaire. La dernière scène dans le théâtre remet tout en perspective. Reste son rapport aux femmes, à son amie « qu’il ne touche pas » et qu’il a peut-être jeté du haut du pont, font qu’il s’intéresse à ces meurtres où il se projette. Le passage à tabac est certainement une autoflagellation sur un individu lambda qui potentiellement peut faire avec son amie ce qu’il lui est impossible.