Un parfait inconnu de James Mangold raconte les débuts d’une légende vivante du XXème siècle, Bob Dylan. Avec Timothée Chalamet dans le rôle principal, le long-métrage revient sur le passage de Dylan de la guitare acoustique à l’électrique.
Un parfait inconnu de James Mangold est un film sur les débuts d’un des plus grands paroliers de tous les temps, Bob Dylan. Interprété avec une incroyable justesse par Timothée Chalamet, le long métrage est un biopic sans faute, à la bande-son franchement géniale, qui donne juste envie de monter le son.
Un parfait inconnu mondialement connu
A l’instar de son titre, le nom de Bob Dylan n’est peut-être pas familier pour tous. Et pourtant… Son influence est phénoménale. L’exemple le plus parlant, c’est sans conteste Like a Rolling Stone. Une des chansons utilisées dans la bande annonce d’Un parfait inconnu. Repris par une vingtaine de groupes, traduit dans plusieurs langues, le titre est aujourd’hui considéré comme l’une des plus grande chanson de rock de tous les temps. Like a Rolling Stone est un long poème de six minutes écrit par Dylan en 1965, il avait 24 ans. Les textes de Dylan sont révolutionnaires et amènent sur le devant de la scène musicale des années 60, une nouvelle manière d’écrire. Une écriture qui lui vaut d’être aussi considéré comme poète. Il est d’ailleurs lauréat du Prix Nobel de Littérature en 2016. Dylan est à ce jour le seul musicien à avoir reçu ce prix.

Cette trajectoire si particulière, le film en saisit assez bien la complexité. L’ouverture d’Un parfait inconnu se concentre sur un jeune homme à l’air un peu débraillé, dans des vêtements trop grands. James Mangold nous montre le genre de personnage auquel on peut s’identifier sans peine. Un jeune homme porté par sa passion pour le folk, qui débarque sans trop savoir de quoi sera fait demain. Autrement dit, Un parfait inconnu ne s’embarrasse pas de trop de détails pour camper un personnage qu’on ne peut qu’apprécier. On pourrait peut-être lui reprocher de passer un peu vite sur le contexte historique de l’époque. En effet, Dylan chante à l’époque de la guerre froide, de la crise des missiles de Cuba en 1962, de l’assassinat de Kennedy en 1963, puis celui de Martin Luther King en 1968. Une époque difficile qui a donné naissance à une voix iconique.
Une ressemblance à s’y méprendre
Et justement quelle voix ! Dans un biopic musical, c’est souvent un peu risqué de faire chanter l’acteur principal. Mais Timothée Chalamet n’a pas reculé devant la difficulté d’un challenge qu’il a relevé haut la main. L’acteur chante lui-même dans Un parfait inconnu, il a également appris la guitare et l’harmonica pour ce rôle. Et étonnamment, la voix de Timothée Chalamet n’est pas si éloignée de celle de Bob Dylan ! Un peu nasillarde, certes, mais une fois passée l’envie de lui tendre de quoi se moucher, on pourrait s’y méprendre. La ressemblance est d’autant plus frappante lorsqu’on se tourne vers des interviews de Bob Dylan. Le même regard un peu blasé, la même tignasse et surtout le même accent. En bref, la performance de Timothée Chalamet dans Un parfait inconnu est si juste, qu’on en vient presque à ne plus voir l’acteur et à seulement considérer le personnage.

Timothée Chalamet a, en plus, réussi à calquer ses mouvements corporels sur ceux de Dylan. Autrement dit, il se glisse à la perfection dans la peau du jeune chanteur folk. Parce qu’il faut le rappeler, à ses débuts, Dylan était un chanteur folk. A ce sujet, quelques détails d’Un parfait inconnu paraissent un peu forcés. En effet, on a plus ou moins tous le cliché du chanteur folk qui arpente les rues avec sa guitare à la main. Et toutes les premières apparitions de Bob Dylan se font dans la rue… guitare à la main. Avec son air un peu triste c’est presque si on ne lui dirait pas « t’inquiètes pas mon chou ça va bien se passer, donne-moi ta guitare tu vas finir par te fouler le poignet ». C’est presque comique de le voir porter sur chaque plan de rue son immense housse !
Faire du neuf avec du vieux
Il est évident qu’un biopic apporte un bénéfice aux maisons de disque en remettant sur le devant de la scène médiatique certains artistes. En plus de redonner un coup de frais à l’image de Bob Dylan, Un parfait Inconnu permet aux jeunes générations de s’approprier plus facilement l’histoire d’une icône. L’évolution de la carrière de Dylan est en un sens toujours aussi actuelle et inspirante. Jeune artiste en train d’exploser, il se refuse à rentrer dans les cases qu’on lui impose de force. Une rébellion qui atteint son paroxysme dans Un parfait inconnu au moment du concert au Newport Festival où Dylan abandonne sa guitare acoustique pour passer à l’électrique.

Ce « turning point » de l’histoire est aussi bien amené par la mise en scène que par le reste du casting. Au début, l’image paraît un peu vieillotte, trop jaune, à l’instar des vêtements de Dylan. Là où la fin du film est plutôt marquée par des couleurs plus contrastée, plus sombres. Fini les costumes trop grands on passe sur des vestes en cuir noir. Un changement qui se répercute aussi sur le reste du casting. Edward Norton qui interprète Pete Seeger voit sa place évoluer considérablement au cours de l’histoire. D’abord mentor dans la force de l’âge, il termine par être cette connaissance dont on a un peu honte, qu’on cherche à cacher. Autrement dit, l’évolution du scénario d’Un parfait inconnu se claque sur le génie de Dylan. En effet en prenant avec du folk, style un peu vieillissant, Bob Dylan en fait un rock révolutionnaire.
Un parfait inconnu est donc un biopic sans faute qui nous laisse pourtant sur cette étrange impression de ne pas vraiment savoir qui est Bob Dylan. C’est là toute la subtilité de l’artiste, mystérieux, il échappera éternellement à ceux qui veulent le catégoriser. Et c’est en cela que Bob Dylan reste à ce jour ce parfait inconnu mondialement connu.
Un parfait inconnu est au cinéma dès le 29 janvier
Avis
Un parfait inconnu est un film à voir plusieurs fois. Pour le plaisir d’une bande son franchement géniale autant que pour une mise en scène aux petits oignons et un casting d’exception. Le long métrage de James Mangold est aussi une belle manière de découvrir ou redécouvrir les débuts de la légende vivante qu’est aujourd’hui Bob Dylan.