Le season premiere le laissait présager, la saison 3 de Titans se sera largement plantée dans son adaptation de l’arc Red Hood. Au bucher !
Les Teen Titans éclatés, ils font face à Red Hood, le nouveau jouet de l’épouvantail. Déjà, rien que dans ce synopsis maison, tout sent bon le vomi. On essaye de résumer sans spoiler, mais on est obligés de se salir les chaussures en se remémorant d’où vient cette colique télévisuelle sans nom. Bref, Titans saison 3 est peut-être la plus immonde itération super-héroïque diffusée récemment.
Showrunnée par Greg Walker et principalement réalisée par Carol Banker, réalisatrice attitrée des séries estampillées DC Comics, de Doom Patrol à Gotham en passant par Swamp Thing, nous voilà donc devant une adaptation très, très, très, librement inspirée des comics A Death in the Family, No Man’s Land et forcément, Under the Hood. Un résultat évidemment très en deçà de nos attentes, pour bien nous confirmer dans l’idée que toute production Berlanti, et de ses copains, ne fera que souffrir tout fan de DC qui se respecte. Quelle misère…
Épouvantable épouvantail
Pourtant, sur le papier, tout était là pour que Titans se sortent enfin les doigts du spandex pour nous offrir un beau ride, référencé et adulte, où la noirceur du show avait par le passé permis de gommer bon nombre d’aspérités (notre critique de la saison 1). Ainsi le season premiere (notre critique) nous laissait espérer, vite fait, que l’arc Red Hood serait adapté correctement, ou du moins, pour permettre de creuser encore plus la psyché de personnages sombres. Que nenni mon bon monsieur.
Si Curran Walters fait un Jason Todd convaincant après son passage dans le puit de Lazare, son rôle est tout simplement bafoué par une écriture complètement insipide et insultante envers le personnage, ici chétif et peureux, n’hésitant pas à refiler les secrets de Batman aux méchants de Arkham. Le baroudeur torturé devient un homme de main écervelé, manipulé pour quelques doses de drogues anti-peur créées par nul autre que Scarecrow. Vincent Kartheiser joue ainsi un Jonathan Crane qui augurait de savoureuses diatribes psychologiques pour finalement verser dans un pastiche psychédélique d’Hannibal Lecter complètement crétin, bien loin de l’iconique adversaire psychotique de Batman. Adieu le costume de l’épouvantail et bonjour le costard trop grand et les digressions pseudo-alambiquées, déclamées dans un ton suave et rauque pour expliciter la psychopathie du type. Ridicule.
De même, le recrutement de Tim Drake fait sourire, surtout devant la prestation pas très inspirée du jeune Jay Lycurgo, ou encore l’échappée au royaume des morts, sorte de séquence rêvée un peu méta à la croisée entre un mauvais épisode de Buffy et de Charmed. Pareillement, si on aime bien Benton Thwaites en Nightwing, aucune direction d’acteur ne semble diriger le pauvre bonhomme, contraint de déambuler les mains dans les poches pour donner des ordres vagues à son équipe de bras cassés. Pour un peu on croirait qu’il est comme nous, à s’ennuyer sec. Seule Savannah Welch joue avec plaisir une Barbara Gordon qui reste LE gros atout de cette saison, aux côtés de la relation intéressante entre Joshua « Superboy » Orpin et Damaris « Blackfire » Lewis.
La suite est malheureusement du même ressort que le reste. L’intrigue est inexistante, molle et pas folichonne, on feint la surprise quand un rebondissement ahurissant contrecarre les stratagèmes des Titans ou ceux de Scarecrow, soit à peu près deux ou trois fois par épisode. Le temps restant s’organise en discussions stériles, préparation de plans d’attaque les mains dans les poches pour avoir l’air préoccupé, et sorties de vannes douteuses, trop teen pour être pleinement intégrés à ces dark Titans. Oui, c’est paradoxal, mais c’est le style de la série, qu’on s’y fasse ou non. Et on ne s’y fait pas. Surtout que la réalisation toujours anecdotique nous offre de beaux GGI bien moches pour cacher la misère d’une mise en scène inexistante, engoncée dans des corridors exigüs et trop sombre pour nous permettre d’y voir et/ou comprendre quelque chose.
Après avoir charcuté Deathstroke, Titans réitère une performance folle, détruire deux personnages du paysage gothamien, Red Hood et Scarecrow. Un No Man’s Land télévisuel.