Présenté en compétition officielle au festival de Cannes 2025 dans la section Un Certain Regard, The Plague s’impose comme une œuvre d’une grande maitrise et marque la révélation d’un jeune cinéaste au talent indéniable, Charlie Polinger, brillamment accompagné par sa troupe de jeunes acteurs. Seule vedette à l’écran : Joel Edgerton qui est aussi l’unique adulte (le pauvre) au sein de cette distribution juvénile.
L’histoire prend ses quartiers dans un camp de vacances américain où les jeunes pratiquent l’un des sports les plus violents qui existe : le water-polo. Notre jeune héros, Ben, ne connait personne sur place et cherche désespérément à s’intégrer au sein d’un groupe d’adolescents. Son besoin d’acceptation le pousse initialement à endurer une forme de bizutage. Mais ce qu’il vit n’est rien lorsqu’il découvre ce que vit l’un des autres garçons, véritable souffre-douleur de la communauté. Affligé d’une maladie de peau, il devient la cible d’une rumeur dévastatrice : il serait porteur de « The Plague », une peste hautement contagieuse. Dès lors, le contact avec lui est proscrit, le transformant en paria que chacun fuit et rejette.

La justesse d’un regard adolescent
C’est dans ce climat délétère que le film déploie sa trame narrative. Le scénario, d’une finesse remarquable, orchestre une évolution subtile du personnage principal, nous immergeant au cœur de ses dilemmes moraux et de ses questionnements intérieurs. À treize ans, âge où l’on se cherche et où le malaise identitaire atteint souvent son paroxysme, le film touche une corde sensible avec justesse. Les interrogations du protagoniste résonnent avec une grande authenticité, permettant au spectateur de ressentir profondément ses hésitations et sa quête de positionnement moral.
On n’est pas étonné de savoir que Charlie Polinger a déclaré dans un entretien qu’il s’est fortement inspiré de son expérience adolescente et des journaux qu’il tenait à l’époque où il allait au summer camp : « Bien que l’histoire soit fictive, le noyau émotionnel – les dynamiques de pouvoir, la peur de l’humiliation, et même certains dialogues – provient d’une expérience vécue. » dit-il. Le sentiment de sincérité du récit est d’autant plus logique.
Une maîtrise formelle prometteuse
Cette exploration psychologique est magnifiée par une mise en scène d’un contrôle étonnant pour un premier long-métrage. Charlie Polinger flirte par instants avec l’univers de Stanley Kubrick, notamment la mécanique d’humiliation et de conditionnement psychologique que l’on retrouve dans la première partie de Full Metal Jacket. D’autres aspects rappellent la maîtrise formelle d’un Brian De Palma où la caméra, toujours en contrôle, se positionne avec une précision chirurgicale.

Mais plus que tout, c’est dans la prestation des jeunes acteurs que se trouve la grande force de The Plague. Que ce soit l’acteur principal, Everett Blunck, ou ses comparses, ils interprètent tous leur rôle à la perfection, créant ainsi un groupe hétéroclite, vivant et authentique. Mention spéciale au petit chef, Jack (Kayo Martin), un démon en puissance (du moins à cet âge) qui joue au coude à coude avec Joffrey Baratheon dans la catégorie des adolescents machiavéliques.
En définitive, The Plague se révèle être une œuvre de grande qualité et une proposition cinématographique maitrisée qui laisse entrevoir un avenir des plus prometteurs pour son réalisateur, Charlie Polinger, et ses jeunes interprètes. On a hâte de découvrir ce qui va suivre !
The Plague n’a pour le moment pas de date de sortie en salle. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
Avis
Charlie Polinger signe un premier long-métrage maitrisé sur les difficultés de la vie adolescente. Porté par de jeunes acteurs talentueux et habités, The Plague s'impose comme une réussite et mérite sa place dans la sélection Un Certain regard du Festival de Cannes 2025.