Oliver Hermanus (Vivre), revient avec The History of Sound, présenté en Compétition au Festival de Cannes 2025. Un récit qui se déroule au début du XXe siècle et centrée sur la romance entre un chanteur (Paul Mescal) et un universitaire (Josh O’Connor). Un film très académique, mais porté par une vraie délicatesse.
The History of Sound faisait office d’outsider dans la Compétition cannoise, et pourtant difficile de ne pas être d’emblée charmé par ce nouveau film d’Oliver Hermanus (le remake de Vivre), alors que la caméra flotte doucement au-dessus d’une rivière. La photographie automnale d’Alexander Dynan est de toute beauté, empruntant parfois au classicisme d’un Légendes d’automne alors que l’intrigue nous introduit Lionel (Paul Mescal arborant ses lunettes d’intello).

Ce chanteur à la timidité affichée quitte son Kentucky rural pour Boston dans le but d’étudier au conservatoire. Au détour d’une soirée dans un bar, il fait la rencontre de David (un Josh O’Connor tout sourire), un étudiant ayant comme projet d’enregistrer plusieurs chansons folkloriques à travers le pays. Le lien entre les 2 hommes va rapidement se faire dès une première nuit, avant que la guerre de 14-18 ne les sépare.
The History of Sound déroule ainsi un récit d’amour impossible très classique dans ses circonvolutions narratives (encore plus si on a déjà vu un certain Brokeback Mountain) : David est appelé au front et Lionel non (de par sa condition de myope), et leurs retrouvailles va également être marquée par une absence encore plus durable en 2e partie de film. Le tout jusqu’à une finalité émotionnelle relativement attendue qui pourrait faire tomber le film dans une dimension consensuelle bien crasse.
The History of Sound and Folk
Pourtant, quelque chose se produit avec ce The History of Sound, en particulier grâce à une mélancolie planante et un vrai caractère emphatique de chaque instant, confinant parfois au romantisme romanesque. Une douceur lancinante qui tient le tempo du récit sur un fil ténu, mais toujours maîtrisé alors qu’on suit avec intérêt cette relation amoureuse évanescente entre ces 2 personnages.

Bien entendu, le film d’Oliver Hermanus bénéficie grandement du talent de ses 2 interprètes, aka 2 étoiles montantes à Hollywood. Chacune de leurs interactions, qu’elle soit charnelle ou bien platonique, fait montre d’une réelle sensibilité qui est le ciment global de ce The History of Sound. Et derrière cet amour narré par par petites touches (sur globalement une grosse décennie), le film dresse un portrait salvateur de l’importance de la conservation artistique.
Film pro-support physique
En effet une bonne partie de la première heure du film est centrée sur les pérégrinations du duo dans divers patelins du Maine, munis d’un phonographe (le premier enregistreur audio utilisant des cylindres) dans le but d’archiver des musiques folkloriques. The History of Sound offre ainsi un regard inédit sur des communautés isolées, découvrant la nouvelle technologie et se connectant au plus grand nombre par pur amour de la musique.
On pense même parfois à Inside Llewyn Davis (ou Un parfait inconnu) dans cette captation temporelle conférant un caractère enveloppant au récit. Mais ça, c’est avant que le film ne dévie réellement de cette trajectoire en 2nde partie, afin de resserrer son intrigue sur la vie amoureuse d’un Paul Mescal à fleur de peau mais tout en intériorité.

The History of Sound met donc les pieds dans des sentiers battus et trop empruntés pour pleinement convaincre, malgré une rigueur de fabrication toujours aussi appréciable. Heureusement, le final du film use bien de ce fusil de Tchekhov audiophonique pour clore son récit, mais l’impression de trop peu subsiste malgré l’emphase recherchée.
Une emphase qui anime réellement ce film d’Oliver Hermanus, telle une poésie contrariée par la rudesse des années 20 (la vie à la ferme où maladie, solitude et mort rythment le quotidien). Ce sont pour ces raisons que The History of Sound méritent le visionnage, tel un moment en apesanteur porteur d’amour pour ces comédiens.
The History of Sound sortira au cinéma le 16 janvier 2026. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
The History of Sound a beau faire preuve d'un académisme certain avec ce récit d'amour impossible. Pourtant, Oliver Hermanus affiche une emphase et un caractère planant à cette odyssée folk, portée par 2 acteurs de talent. Pas mal donc !