The Gorge est la petite surprise d’AppleTV+, une pomme d’amour sucrée aux jeux vidéo pour la Saint Valentin.
Avec une communication discrète, et en pleine saison 2 de Severance, The Gorge arrive discrètement ce vendredi au catalogue d’AppleTV+. Mais dans les cercles des amateurs de science-fiction, les nouveautés de la plateforme sont scrutées et attendues. Jusqu’à ce que le film ou la série de niche devienne un succès, qui confirme la qualité des productions. The Gorge est de ceux-là. Avec un pitch qui nous fait penser à La Brea, cette autre série qui se passe autour d’une faille, le film prend une direction très différente, et nous en mets plein les yeux avec son bestiaire gothique de toute beauté et son rythme changeant, mais soutenu, dans un biome de forêt luxuriante.
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The Gorge de la jungle
Nos héros, incarnés par Anya Taylor-Joy et Miles Teller, sont deux snipers mondialement réputés et recrutés pour surveiller chaque côté d’une mystérieuse faille au milieu d’une forêt dense et isolée, depuis leur tourelle lourdement armée. Ils ne doivent pas protéger les abords du gouffre, mais au contraire, empêcher quoi que ce soit d’en sortir, et qui est caché sous l’épaisse brume en contre bas, empêchant de distinguer ce qu’il y a au fond. Leur mission leur interdit d’entrer en contact ou d’échanger des informations, toujours pour protéger le secret. Mais malgré le gouffre qui les sépare, ils vont réussir à communiquer et tomber amoureux.
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Ce qu’il y a au fond de la faille reste mystérieux toute la première partie du film. On prend le temps de vivre le quotidien avec nos deux tireurs d’élite, leur entrainement, leur survie, leur amour naissant. Dans la deuxième partie, les évènements embarquent nos héros dans une aventure pour découvrir ce qui se cache sous la brume, pourquoi, comment, depuis quand, et surtout comment s’en sortir. Deux tons très différents, marqués par des rythmes et des mises en scènes dédiées. Ainsi on est bercé par la contemplation et le calme, malgré quelques questions sur les phénomènes étranges, pour ensuite basculer vers… Racoon City
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Et au fond du gouffre, il y a…
Toute la seconde partie du film se déroule dans une brume aux couleurs changeantes. Parfois tout est jaune, puis l’ambiance devient rouge, ou violette, pour marquer les différents endroits visités. Et caché dans ces brouillards en RGB (esthétique de lumières colorées, appréciée par de nombreux amateurs de jeux vidéo), un bestiaire aussi dérangeant que beau. Preuve qu’on peut encore faire de belles choses, gothiques à souhait. On est tant effrayé qu’admiratif face à l’arbre carnivore, ou encore quand bondit le crâne-araignée. Nos héros évoluent dans ce décor comme dans un jeux vidéo, éliminant les monstres et enquêtant sur leur origine, pour arriver au boss de fin, après moults péripéties et cascades vertigineuses. Il se peut que vous tentiez même de prendre votre manette lors de certaines scènes. La réalisation assume ce choix dans le rythme différent dans cette partie du film, et dans la succession des scènes.
Mais ne vous y trompez pas, ça reste avant tout une histoire d’amour (qui sort le jour de la Saint Valentin), qu’on aura contextualisée de milles choses, comme le danger, l’interdit, les secrets, la distance… comme dans la vraie vie ?
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Pour les personnages principaux, le casting est parfaitement trouvé et crédible. Miles Teller a déjà montré ses talents dans le genre d’action, et on lui reconnait qu’il sait y mettre de la profondeur. Les rôles tout en muscles et sans cerveau ne lui vont pas, et c’est tant mieux. Anya Tailor-Joy est toute en nuances, et elle a le secret des regards qui disent milles choses sans que l’on soit sûre de rien. C’est si parfait dans cette romance où les amants se regardent de loin, de chaque côté de la gorge. L’action lui va bien également, surtout qu’il est rare de la voir officier dans ce registre. L’alchimie entre les deux acteurs fonctionne, et le rôle est parfaitement taillé pour eux.
The Gorge a-t-il des défauts ?
Evidemment. A commencer par Sigourney Weaver, dont le charisme est absent, car il était occupé à aller chercher son chèque. Son rôle tient plus du cameo d’ailleurs, et interroge sur ce choix de casting car Miles Teller et Anya Taylor-Joy sont suffisamment « lourds » pour tenir l’affiche à eux seuls. Sauf à dire qu’au montage il y ait eu de la coupe sévère. Le sentiment de coupe sévère s’intensifie avec l’enchainement trop rapide des événements. Il y a des ellipses, certes, et tout prend place sur une année. Mais les séquences donnent l’impression que tout se passe en quelques semaines, il manquerait même quelques points de passages logiques. En conséquence, l’histoire d’amour va un peu vite aussi, mais là après tout, pourquoi pas.
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Enfin ce qui fait défaut c’est le temps, paradoxalement. On aimerait prendre le temps de voir venir certaines choses, on aimerait prendre encore le temps de la romance, et balancer l’intrigue fantastique au fond du gouffre, à moins de rassembler encore des informations et nous laisser dans l’errance quelques temps. Ce film aurait-il dû être une série ? A-t-il été prévu ainsi et remonté, y a -t-il eu des coupes drastiques pour tenir sur 2h ? Peut être pas, mais c’est bien ce qu’on se demande à la fin. C’est une bonne nouvelle cependant, on en redemande et on voudrait creuser d’avantage les autres personnages, avoir du lore supplémentaire. Même si à vrai dire, la série de jeux vidéo Resident Evil comble bien les trous.
The Gorge, disponible sur AppleTV+ le 14 février
Avis
The Gorge est une très belle histoire d’amour sur fond d’action vidéo ludique. C’est original, beau, amusant, mais un peu rapide. Comme de manger trop vite sa belle pomme d'amour.