Réalisateur culte de son époque – on se rappelle de Ring ou encore Dark Water – Hideo Nakata a marqué à tout jamais l’histoire du septième art, en étant sombre, terrifiant et iconique. Plus de vingt ans après ses premiers gros succès, le cinéaste japonais revient avec The Forbidden Play, moins marquant… et plus décevant…
Naoto (Daiki Shigeoka) Ihara mène une vie heureuse avec son épouse Miyuki (Uika First Summer) et leur fils Haruto (Minato Shougaki). Leur bonheur est anéanti le jour où Miyuki meurt dans un accident de voiture. Naoto tombe dans un profond chagrin alors que Haruto prie tous les jours pour que sa mère revienne à la vie après avoir enterré un de ses doigts au fond du jardin. Des phénomènes étranges se produisent bientôt…
A ghost story
Let’s be honest, s’il y a bien une chose qui fait flipper, c’est les fantômes japonais. Quasiment devenus un code de genre horrifique, ils sont pourtant tout droit inspirés des croyances populaires japonaises. Un Yūrei est l’esprit d’une personne ayant quitté son enveloppe corporelle à sa mort, n’ayant pu atteindre le paradis du fait qu’elle ait laissé sur terre des peines, des chagrins, des regrets. C’est toute l’histoire de The Forbidden Play.
Ce qu’il sera compliqué à cerner dans The Forbidden Play, c’est son ton global. Hideo Nakata pousse à l’extrême les codes du genre au travers de ses intentions de réalisation. On ne sait jamais si le film est premier ou second degré, tellement tout est exagéré. Le placement de la caméra, les effets sonores, la musique, la direction d’acteur et l’interprétation des comédiens, l’écriture des dialogues, les costumes, les effets visuels… Tout est sur-dramatisé, au point que l’horreur s’évacue peu à peu.
Visuellement, c’est plat. Quasiment toute l’horreur se déroule au travers de scènes éclairées de plein feu. Le film a un aspect télévisuel, sans effet de style, pouvant presque effleurer celui de la comédie à certains instants. Cela n’arrange d’ailleurs absolument pas le ton du film qui ne cesse de nous perdre entre horreur et pastiche (en plus de ses quelques incoherences scénarsitiques). Mais au-delà de ça, on en retient une photographie des plus neutres et oubliables.
On se demande finalement si Hideo Nakata n’a finalement pas voulu proposer une sorte de fable ou de conte, avec une approche plus théâtrale, lyrique et bucolique plutôt que cinématographique. Cependant voilà, les artifices sont si visibles que nous ne sommes plus en mesure d’oublier que nous regardons un film. C’est vraiment dommage, étant donné que cela aurait pu être tout l’enjeu du long-métrage, de différencier le réel du fantastique.
Autre problème majeur de The Forbidden Play, c’est de ne pas renouveler le folklore que le réalisateur lui-même à installer 20 ans auparavant. Bonjour les scènes de téléphone qui sonnent avec personne au bout du film qui jonchent le film tout entier par exemple, ou encore l’apparence du fantôme qui dispose du même traitement habituel. Il est aussi qui beaucoup moins bien filmé qu’auparavant…
Un film touchant
Malgré ces nombreux défauts, The Forbidden Play ne laisse pourtant pas indifférent. Il inspire ainsi un geste et une démarche qu’on devine sincère et poignante. Hideo Nakata signe une sorte de tragédie contemporaine, mélange de métaphores fantastiques et de drame familial pour raconter une histoire d’amour et de deuil. Mais encore une fois, sa forme et sa narration prennent quand même le dessus, laissant un souvenir assez mitigé.
The Forbidden Play est actuellement en compétition au 31e Festival International du Film Fantastique de Gérardmer
AVIS
The Forbidden Play est un film un peu niant niant... Une sorte de nanard, voire presque de pastiche du film de fantôme, quoi qu'il reste néanmoins touchant et réalisé par un maître du domaine... Une chose est sûre, on en ressort un peu mitigé.