Petite curiosité indé qui semble provoquer l’enthousiasme partout où elle passe, The Florida Project doit pourtant son succès à quelque chose de profondément détestable.
Charme enfantin. Pour nous séduire, Sean Baker déploie l’artillerie lourde sous l’apparence de la jeune Brooklynn Prince, dont la taille est inversement proportionnelle à celles de ses bêtises. Le réalisateur filme le quotidien de la gamine avec une grande tendresse et ne lâche que rarement son regard. Une manière d’habiller son métrage de candeur et de légèreté malgré son sujet. Et comment oublier Willem Dafoe, absolument formidable en père de substitution.
Horripilant. Sauf que malgré tous les artifices, cette réalité n’est pas belle à voir. Les pitreries de l’enfant résultent d’un manque total d’éducation de la part d’une mère irresponsable. On assiste ainsi à « l’horreur » de la situation, d’un drame faussement déguisé en comédie. Sadique, Baker joue avec la tension lors de scènes qui n’en méritent pas, comme pour nous préparer à la tragédie. On ressent ainsi un profond malaise. Celui de rire lorsque l’on devrait pleurer, d’imaginer la fin terrible qui suivra sûrement ces moments d’insouciance. Un mot qualifie The Florida Project : cruel.