Avec English Game, Netflix nous propose de revenir sur les prémices du football devenu universel et pourtant initialement réservé aux élites.
The English Game est un très bel hommage au football. En mettant en avant des footballers avides de jouer par amour du sport (qu’ils soient amateurs ou professionnels) cette mini-série au grand coeur parvient à nous transformer en 12ème joueur invisible. Le spectateurs passe lui aussi par diverses expériences d’échec, de rivalité, de camaraderie, et de fierté sans avoir besoin de s’inscrire au club de foot de sa ville. Une prouesse rendue possible par la sincérité des scènes de matchs qui restent, néanmoins, trop peu nombreuses à notre goût. Le ballon rond sert finalement de fil rouge pour aborder d’autres sujets, comme si le football ne se jouait pas que sur le terrain, mais aussi en dehors.
« Le jeu nourrit leurs âmes quand ils n’ont rien d’autre dans leur vie » affirme M. Walsh en parlant de ses ouvriers. Qui n’a jamais ressenti d’excitation sur un terrain, en tribune, ou devant sa télévision ? Le sport a ce pouvoir surpuissant de fédérer des personnes, d’en faire des fervents supporters pour lesquels les joueurs sont prêts à se transcender. Un sentiment d’unité qui dépasse le simple jeu et que tente de montrer avec réussite The English Game.
Sur fond d’inégalité entre catégories sociales, nous assistons à une lutte entre ouvriers et « gentlemen », partageant la même passion mais pas le même mode de vie. Au cours des 6 épisodes, les deux mondes opposés vont tenter de s’apprivoiser dans une ambiance politiquement correcte (à l’exception d’une scène rappelant l’affaire de Hautefaye) et surtout très naïve. C’est là le gros défaut de The English Game, son émancipation historique trop prononcée, pleine d’inexactitudes et de faits romancés, limitant ainsi l’engagement d’une telle série.
Par le créateur de Downton Abbey
Même Downton Abbey – présentant pourtant son lot de mélodrames connaissant un heureux dénouement – savait manier ses histoires de façon à les rendre à minima crédibles. A l’inverse, les grandes thématiques secondaires abordées ici (telles que l’adultère, la fausse couche, la naissance hors mariage et la condition des femmes d’une manière plus générale) sont entachées par un traitement malavisé qui s’oppose aux mentalités de l’époque. Julian Fellowes propose ainsi un monde composé (presque) uniquement d’humains bienveillants, ouverts aux changements.
Soyons nous aussi bienveillants pour conclure cette critique. The English Game possède un charme inégalable. Un petit on ne sait quoi britannique, qui nous pousse indéniable à l’apprécier. Est-ce l’accent anglais et écossais qui nous font craquer ? La bande-son à la fois élégante et guerrière ? L’ambiance et les décors ? Le talent des acteurs et des actrices ? Les personnages plus qu’attachants ? On ne sait vraiment le dire. Certainement un mélange suffisant pour pouvoir affirmer que, malgré ses défauts, ces épisodes nous auront permis de passer un bon moment.
Si la série s’arrête ici, on aurait aimé une suite des années plus tard, nous contant, à une autre période, une nouvelle étape majeure du football. Netflix, si tu nous lis, on attend la suite des aventures du ballon rond.