Sélectionné en Compétition officielle Long métrage au Festival International du Film d’Animation d’Annecy 2024, The Colors Within a été présenté ce jeudi 13 juin en avant-première mondiale.
Il s’agit de la quatrième sélection pour la réalisatrice Naoko Yamada au Festival d’Annecy – qui revient deux ans après son très apprécié Silent Voice – mais c’est la toute première fois qu’elle se tient debout en personne sur la scène de la Grande Salle de Bonlieu. Un moment unique marqué par une ovation debout et par la prise de parole de la réalisatrice : « la musique est merveilleuse, et respecter les autres est aussi merveilleux ».
The Colors Within est une continuité logique aux précédents films de Naoko Yamada, une réunion de deux thématiques qui lui tiennent particulièrement à cœur : la différence (Silent Voice) et la musique (Liz et l’Oiseau bleu). Elle en tire un long-métrage qui place les sens au centre du récit, une réunion grâcieuse des couleurs et de la musique.
Ta couleur
Totsuko n’est pas une adolescente comme les autres. Depuis toujours, elle est capable de percevoir les personnes qui l’entourent sous forme de couleurs. Elle voit ainsi en elles ce qu’elles ressentent : du rouge, du bleu, du vert, du jaune, du rose ; autant de couleurs qui teintent les émotions de mille lueurs. Cette hypersensibilité déteint sur sa personnalité : Totsuko a le cœur grand ouvert sur le monde, elle s’extasie de la moindre petite chose et voit la vie dans toute sa beauté à travers son regard émerveillé et coloré. Cette émotivité est retranscrite par moments dans un style kawaii qui fait perdre sa crédibilité au personnage. Totsuko est bien plus attachante quand elle est dépeinte avec subtilité.
« Kimi no iro » (« Ta couleur »), le titre original du film, est un jeu de mot renvoyant directement à la passion de Totsuko pour le bleu magnifique et palpitant de son amie Kimi. Yamada construit son film sur cette relation ambiguë, créant un équilibre entre deux personnalités opposées : tandis que Totsuko laisse ses sentiments s’exprimer librement, Kimi fait tout pour les réprimer.
Un film musical
Difficile de dire à quel point l’histoire est inspirée du vécu de la réalisatrice. Quoiqu’il en soit, Naoko Yamada a fait partie d’un groupe de musique, et cette expérience de jeunesse a sans aucun doute influencé le récit. The Colors Within est un film musical où l’on suit la formation d’un trio constitué de Totsuko, Kimi et Rui, ce dernier personnage étant un peu trop laissé de côté. La musique y tisse un lien invisible entre eux trois, les rapprochant autour d’une passion commune.
Les compositions originales du film allient guitare électrique, piano et synthétiseurs analogiques. Elles donnent également à entendre un thérémine, instrument électrique peu connu qui produit des sons sans contact physique avec l’instrumentiste. Ce dernier est l’un des éléments les plus intéressants du film et donne lieu à des prestations hypnotiques de la part de Rui qui auraient mérité une place plus conséquente.
La musique amène également des séquences visuelles plus abstraites. Yamada nous projette dans l’esprit de Totsuko et nous donne à voir le son à sa façon : en tâches colorées qui interagissent entre elles. On aurait aimé que la réalisatrice joue davantage sur ce lien entre son et images en donnant plus de place aux répétitions du groupe.
Le scénario de The Colors Within avait un immense potentiel que Naoko Yamada n’a pas su exploiter pleinement. Un film sensible qui aurait pu l’être bien plus.
The Colors Within est à découvrir au Festival international du film d’animation d’Annecy 2024 et prochainement au cinéma.
Avis
The Colors Within est le dernier film de la réalisatrice Naoko Yamada, une alliance subtile entre couleurs et musique. Un récit sur une amitié entre trois adolescents qui auraient pu être poussé encore plus loin.