L’actrice Kristen Stewart ajoute une corde à son arc avec The Chronology of Water en passant derrière la caméra. Présenté en sélection Un Certain regard au Festival de Cannes 2025, elle impose un style inventif, quitte à parfois frôler l’excessif.
Annoncé en 2018 par Kristen Stewart et adapté des mémoires éponymes de Lidia Yuknavitch, le récit s’intéresse au portrait d’une femme, Lidia, (Imogen Poots) qui a été abusé sexuellement pendant son enfance par son père et qui cherche dans sa vie d’adulte de se reconstruire mentalement.

Kristen Stewart livre une œuvre inaugurale pleine d’envie : elle n’hésite pas à multiplier les effets de style et à déconstruire la chronologie pour rendre The Chronology of Water plus sensoriel, épousant au plus près la détresse et la psyché tourmentée de son personnage. Si, par moments, cette sur-enchère esthétique semble excessive, Stewart conserve une belle maîtrise narrative qui l’empêche de perdre l’essentiel : le lien affectif avec le spectateur. La caméra de la cinéaste capte des fragments de souvenirs, des sensations fugaces, composant une mosaïque mémorielle à la fois brute et poétique.
Superbe direction d’acteur
Il faut dire qu’elle est parfaitement entourée par un casting hors pair qu’elle a su diriger avec une précision remarquable – son expérience d’actrice a indéniablement nourri sa direction. À la tête de cette distribution, on retrouve une Imogen Poots impressionnante. Elle incarne avec finesse une femme complexe, dont le rapport tendu à la société, et en particulier aux hommes, est une conséquence directe de son traumatisme d’enfance. C’est un rôle d’une grande beauté et d’une sensibilité à fleur de peau, qui élève le film à chaque instant, lui conférant une grande partie de son intérêt.

De l’enfer au paradis
Malgré le trauma, le film souffle que la vie n’est jamais finie avant qu’elle ne le soit vraiment. The Chronology of Water n’est pas un film qui se veut négatif. Au contraire, il propose le cheminement d’une reconstruction psychologique, où l’Art et les rencontres deviennent des bouées de sauvetage. C’est un film fondamentalement optimiste et une ode à la vie, malgré parfois son horreur. L’être humain est en perpétuel mouvement. Pour Lidia, le temps et la distance sont les plus fidèles alliés, lui permettant de s’affranchir de l’influence néfaste et des violences physiques de son père. Le chemin est semé d’embûches, mais une lumière, même diffuse, semble toujours poindre au bout du tunnel. On note par ailleurs que le travail sur la lumière est de belle facture, gardant un ton naturaliste avec une touche de poésie.

The Chronology of Water se révèle donc comme une première œuvre prometteuse, portée par une vision artistique affirmée et la performance magnétique d’Imogen Poots. Kristen Stewart signe un film personnel et courageux, qui, malgré quelques partis pris esthétiques parfois trop appuyés, parvient à toucher par sa sincérité et sa justesse dans l’exploration des méandres de la psychologie humaine.
The Chronology of Water n’a pour le moment pas de date de sortie. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
Avis
Pour son premier film, Kristen Stewart signe une œuvre très maitrisée avec de belles idées narratives malgré l'excès inhérent à ce genre d'exercice. De plus, le film est porté par l'actrice Imogen Poots qui se révèle magnétique tout le long du récit. Ça promet pour la suite !