Stories est un spectacle de danse mêlant claquettes et jazz urbain, dans lequel 10 artistes nous livrent une prestation ultra moderne et époustouflante.
Un seul mot pour résumer Stories : puissant ! Après Vive la vie, découvert la veille dans un tout autre genre, la semaine est aux coups de cœur pour les spectacles de danse !
Cette première création originale de la RB Dance Company, formée en 2018 par Romain Rachline Borgeaud, est brillante et pleine de fraîcheur. Chorégraphies, décors, musiques, interprétation, scénographie, costumes, lumières, intrigue : absolument rien n’est laissé au hasard. Alors, préparez-vous à retenir votre souffle pendant 1h15, mais pas vos applaudissements !
Un show hypnotique
Difficile de savoir par quoi commencer pour parler de Stories, tant tout y est admirable… Peut-être, déjà, saluer le talent des danseurs qui exécutent avec une précision et une implication totales un enchainement ininterrompu de tableaux tous plus rythmés les uns que les autres. D’autant que tous les artistes sont mis en valeur et captivent tour à tour notre attention.
Même si, il faut l’admettre, Enzo Boffa – dans le rôle d’Icar, personnage principal de l’intrigue – et Sandra Pericou – « the lady in that dress » – nous hypnotisent tout particulièrement dans quelques tableaux. Il faut dire que ces deux-là ont été touchés par la grâce et forment un duo sublime. Les chorégraphies sont variées et exécutées de manière habitée, avec une intensité émotionnelle qui traduit le niveau d’exigence de cette jeune compagnie.
Un incroyable talent
Et puisque l’on parle de talent, l’enchaînement est tout trouvé ! Car celui – ou plutôt ceux – de Romain Rachline Borgeaud, notre nouveau chouchou, méritent que l’on s’y attarde. Directeur artistique, metteur en scène et chorégraphe de ce spectacle, le jeune homme est également danseur et musicien. Nous avions déjà découvert ses dons de compositeur/parolier et chorégraphe dans l’excellent spectacle À Cuba Libre qui avait lui aussi mérité sa standing ovation.
Et il récidive ici, pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos oreilles ! En effet, dès les tout premiers instants, on est happés par le rythme survolté, exaltant de ces airs de jazz urbain qui résonnent en nous comme des pulsations de vie, au rythme des percussions et des portes qui claquent. Une partition de grande qualité, spécialement écrite pour ce spectacle, et qui vient habilement compléter ce qui se déroule sur scène.
Stories, une performance brillante
Une réelle osmose se produit entre l’univers sonore, visuel et narratif. Car s’il n’y a pas de dialogues, la trame narrative est bel et bien là. Elle est portée par la scénographie astucieuse de Frederica Mugnai qui évolue au fur et à mesure du développement de l’intrigue. La scène se transforme ainsi en plateau de cinéma, en hall d’hôtel, en casino ou encore en train, sans que jamais le spectacle ne cesse !
Car absolument tout est mouvement dans ce show millimétré. Chaque pas, chaque déplacement d’un élément du décor amovible est chorégraphié avec élégance, fluidité, et sublimé par la création lumière élaborée d’Alex Hardellet. Et si certains éléments de compréhension de l’histoire peuvent parfois nous échapper, c’est surtout parce qu’il est tentant de se laisser aller pleinement à la contemplation et au ressenti.
Un shoot d’adrénaline !
Stories nous offre une plongée dans un univers à la fois rétro et moderne. Aussi bien dans l’esthétique en partie inspirée des années 40, que dans la volonté de son créateur de dépoussiérer l’image des claquettes en l’associant à des sons résolument urbains. Mission accomplie. Notamment avec quelques tableaux d’une grande beauté.
On pense à la chorégraphie puissante dans laquelle ils dansent tous ensemble, une valise à la main, dans ce qui ressemble à une nuit de brouillard aux nuances de gris bleuté. Mais beaucoup d’autres moments ont cette intensité en réalité et nous secouent de l’intérieur. Quant au final, très inattendu, il est tellement transcendant qu’on aurait aimé pouvoir le regarder en boucle ! Explosif et mémorable ! Nous y retournerons, c’est certain.